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une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)


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Je ne vis pas comme ils vivent, je n'aime pas comme ils aiment, je mourrai comme ils meurent

Marguerite Yourcenar

Un plaisir trop bref de Truman Capote

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Un plaisir trop bref de Truman Capote

 

 

« Un plaisir trop bref » porte bien son titre car malgré ses 570 pages, le lecteur aimerait en avoir plus. Il s'agit d'un recueil de lettres de Truman Capote (Traduit de l'américain par Jacques Tournier). Les missives s'étalent sur plus de 40 ans. Elles sont classées par ordre chronologique. On rencontre Truman Capote dès le début de sa carrière littéraire. Sa première nouvelle a été publiée en 1943, il avait dix-neuf ans. Ce livre va changer la perception que l'on a, tout du moins en France, de Truman Capote. D'une part, Il passait, disons le trivialement, pour une langue de pute, alors que cette correspondance nous fait découvrir surtout un garçon adorable pour ses amis. Il les appelle mon mon agneau, mon coeur, mon ange, bien cher enfant, mon bichon, savoureuse friandise, savoureuse petite pêche, mon précieux... Il ne faudrait pas croire que notre épistolier, malgré les qualificatifs dont il honore ses correspondants, les ait tous connu « bibliquement » (quelques uns tout de même), non il s'agit là de marques d'affections désintéressées. On constatera son indéfectible fidélité en amitié (et en amour). On voit qu'il ne ménage jamais sa peine pour aider ses amis par les moyens les plus divers, les recommandant, s'ils sont écrivains, c'est le cas de beaucoup, pour qu'ils soient publiés dans une revue, pensant toujours à leur envoyer ou leur rapporter des petits cadeaux de ses pérégrinations, à ce sujet leurs désirs sont parfois étranges, l'un d'eux demande à Capote qu'il lui rapporte de Venise des chaussures de gondolier... Mais le plus souvent c'est directement financièrement qu'il aide ses ami moins argenté que lui. Il peut aussi leur offrir des vacances... Il faut quand même dire que sa gentillesse de Capote est élective. On détecte assez vite où vont ses inimitiés: << S'il y a un bras que je détesterais sentir autour de ma taille, c'est bien celui d'Hemingway.>>. A sa décharge, il ne s'épargne pas lui-même: << Le vaniteux dindon que je suis a la prétention d’être heureux. >> . A lire cette correspondance, surtout à la fin on n'a pas le sentiment qu'il fut un homme heureux, peut être pour avoir mis la barre trop haute dans sa vie et dans son art. Mais la création d'un chef d'oeuvre n'est-il pas à ce prix?

D'autre part, en raison de l'image qu'il a donné ou voulu donner dans les dernières années de sa vie, ou plutôt de sa survie, alors qu'on s'imagine un Capote toujours en effervescence dans quelque party grouillante et entouré de célébrités, il était en fait un bourreau de travail. S'établissant dans tous les endroits les plus déserts (et les plus beaux) d'Europe durant de longues périodes pour écrire. Enfin, cher lecteur lorsque vous aborderez cet ouvrage, ce que je vous intime de faire le plus vite possible, il faudra chasser de vous l'image de la vieille folle grassouillette qu'en a donné le film de Benett Miller et se souvenir qu'en sa jeunesse, Truman était un bien joli garçon, faisant beaucoup plus jeune que son âge et qu'il est resté, disons très appétissant jusqu'à la fin des années cinquante...

Truman Capote photographié par Cartier-Bresson à la Nouvelle-Orléans en 1946, immédiatement ci-dessus
Truman Capote photographié par Cartier-Bresson à la Nouvelle-Orléans en 1946, immédiatement ci-dessus

Truman Capote photographié par Cartier-Bresson à la Nouvelle-Orléans en 1946, immédiatement ci-dessus

immédiatement ci-dessus Truman capote patinant en 1959
immédiatement ci-dessus Truman capote patinant en 1959
immédiatement ci-dessus Truman capote patinant en 1959

immédiatement ci-dessus Truman capote patinant en 1959

Et puis ce brave garçon adore les animaux, il sera très attaché à deux chiens et à un chat, on peut tout de même concéder un défaut, il aime beaucoup les potins. Il ne cesse de solliciter ses amis pour qu'il l'en abreuve. On regrette à ce propos souvent de ne pas avoir les lettres de ses correspondants.

Un plaisir trop bref de Truman Capote
Un plaisir trop bref de Truman Capote

Le lecteur au début risque d'être un peu décontenancé car il aura l'impression de tomber au milieu d'une conversation se déroulant dans une chambre de Yakko, sorte de villa Médicis au milieu du Connecticut, entre des filles et des garçons d'une vingtaine d'année, tous aspirant écrivain que l'on ne vous a pas présentés. Ils parlent de tout et de gens que vous ne connaissez pas. Mais comme ils sont sympathiques on s'intéresse très vite à eux et leur immense curiosité devient la votre.

Dans ces lettres qui s'étalent sur presque toute sa vie, capote s'y exprime sans fard et avec spontanéité. «Lui, qui polissait et repolissait la moindre phrase parue sous sa signature, traquant parfois pendant des heures le mot juste, écrivait ses lettres à la diable, comme s’il craignait toujours de rater la dernière levée», écrit Clarke Il parle aussi bien de ses matinées à préparer des confitures de figues, que des nouvelles de ses animaux domestiques (sa peine à la mort de son bouledogue est profonde), ou des livres, des pièces de théâtre et des films qu’il a lus et vus. Capote est un grand lecteur. Il repére des talents prometteurs, comme Patricia Highsmith, Angus Wilson ou William Goyen. Je ne le suivrais pas toujours néanmoins dans ses critiques littéraires, comme pour ces avis acerbe sur Aldous Huxley, sur Stephen Spender et "Tant qu'il y aura des hommes":

<< J'ai enfin fini « Guerre et paix. J'ai également lu « Point et contrepoint d'Huxley. C'est très mal écrit – moins mal écrit – qu'incompréhensible. Mais ça vous apprend jusqu'où peut aller la sophistication ultra-moderne.>>

lettre à Catherine Wood le 26 juillet 1941

<< On m'a envoyé cette merde "De tant qu'il y aura des hommes". Mais aussi merdique qu'elle soit, le jeune homme qui l'a écrite me parait gravement constipé.>>

<< J'ai lu l'autobiographie de Stephen Spender, un livre d'une rare hypocrisie - Il aurait vécu ses aventures homosexuelles que "par esprit d'opportunisme". Et quoi encore?>>

Il fait preuve souvent d'un enthousiasme pertinent pour les livre qu'il vient de découvrir comme c'est le cas pour un homme singulier de Christopher Isherwood: << J'ai lu hier, d'un trait, "Un homme singulier". Aujourd'hui, incapable de penser à autre chose, j'en ai relu plusieurs passages. C'est votre livre le plus beau et le plus impressionnant. Un tour de force stylistique d'une extrême élégance.>>.

Mais pas toujours, comme le montre ce jugement aussi sévère que drôle sur une pièce de Carson Mc Culler, écrivain que pourtant il admire: << Lu la nouvelle pièce de Carson McCullers que saint Subber va monter: J'ai surement lu pire, mais je ne m'en souviens pas.>>

 

On peut également être surpris (et amusé) de certains de ses portraits:

<< Florence Homoka , a donné en mon honneur un dîner tout à fait charmant, à ceci près que j'étais assis à coté d'un raté, un petit bonhomme qui n'a cessé de me couver de l'oeil comme s'il fomentait quelque diabolique et obscur dessein. Il se trouve que c'était le romancier allemand Lion Feuchtwanger alors que je l'avais pris pour le dramaturge autrichien Franz Werfel.>>
lettre à Leo Lerman, 8 décembre 1947

<< Nous sommes tombé sur Howard Rothschild, ce qui n'a jamais été une vision fascinante. Avec sa lippe amère, son allure générale fait plus que jamais penser à un plaqueminier du Japon.>>

« Gide, un charmant vieux monsieur assez fantomatique. »

Sur ce coup là, chers lecteurs ne suivez pas capote et précipitez vous sur le « Néron l'imposteur », formidable roman historique, du dit Feuchtwanger (1884-1958) pas raté du tout, célèbre à son époque et encore très connu aujourd'hui en Allemagne.

Capote n'hésite pas aussi à s'épancher sur des détails plus intimes comme l’état d’avancement de ses œuvres, et ses problèmes de santé, nombreux dès sa jeunesse. En revanche l’actualité internationale ne tient qu'une place congrue dans ses propos; curieusement il est persuadé qu'une troisième guerre mondiale est imminente. « Un si bref plaisir forme une merveilleuse autobiographie en creux; d'autant que le volume bénéficie d'une préface du biographe de Capote, Gerald Clarke, et de présentations éclairantes à chaque segment de l'existence de l'écrivain qui est divisée en quatre grandes périodes: 1924-1948 les années d'exubérance (70 pages), 1949-1959 Les années d'aventure (234 pages), 1959-1966 Quatre meurtres et un bal en noir et blanc (196 pages), 1966-1984 Prières exaucées et non exaucées (44 pages). Cette dernière partie où les téléphonages ont remplacé la correspondance est fort lacunaire en ce qui concerne l'aspect biographique des lettres de l'écrivain. On trouve de surcroit à la fin du volume, une chronologie succincte mais assez complète de la vie de Capote.

Bien qu'il ne nous en ait rien dit, on subodore que ces lettres ne sont pas la totalité de la correspondance de l'écrivain mais dans sa préface Gerald Clarke ne précise pas quels ont été les critères de sa sélection. 

Truman Capote en Italie au début des années 50

Truman Capote en Italie au début des années 50

 David Herbert, Jane Bowles, Truman Capote à droite photographié par cecil Beaton au Maroc en 1949

David Herbert, Jane Bowles, Truman Capote à droite photographié par cecil Beaton au Maroc en 1949

Il ne faut pas cacher que pour un lecteur français, même un peu informé des lettres américaines modernes, beaucoup des correspondants ou des personnes dont parle Capote dans ses lettres ne lui évoqueront pas grand chose pour bien que certains aient connu une certaine notoriété à leur époque et dans leur contrée. Même si cette méconnaissance ne nuit pas au plaisir de lecture, il me paraît bon d' évoquer certains, un peu plus longuement que ce que fait les différents textes de présentation dans le volume.

Truman Capote et Jack Dunphy

Truman Capote et Jack Dunphy

Le personnage le plus important dans la vie de Truman Capote est jack Dunphy qu'il rencontre en 1948 et qui sera le grand amour de sa vie. « Un plaisir trop bref » est aussi en filigrane l'histoire de cet amour. L'ultime lettre, datée de février 1982 lui est adressé. Ce sont trois phrases télégraphiées - suppliées - à son compagnon de toujours, réfugié dans leur chalet de Verbier: << Tu me manques. Ai besoin de toi. Télégraphie quelle date aurai droit t'espérer. A toi. Truman.>>. Il y en a peu car ils ont souvent habité et voyagé ensemble. 

Jack Dunphy dans ses dernières années sur un yacht

Jack Dunphy dans ses dernières années sur un yacht

Jack Dunphy est lui aussi un écrivain. Il passe son enfance dans un quartier ouvrier de Philadelphie. Il devient danseur, tourne avec la compagnie de George Balanchine, épouse Joan McCracken, danseuse avec lui. En janvier 1944, il s'engage dans l'armée américaine et publie la même année sa première nouvelle. Son premier roman sort en 1946. Après avoir divorcé, il rencontre Truman Capote en 1948 et part avec lui vivre à Taormine dans la maison qu'avait habitée T.E. Lawrence. Ils ne se quitteront plus. Leur liaison sera d'autant remarquée que les deux écrivains ont des tempéraments antinomiques : Dunphy est autant réservé et solitaire que Capote social et exubérant. Au décès de Capote en 1984, Dunphy est son premier héritier. Il meurt d'un cancer huit ans plus tard, à 77 ans.

Newton Arvin, un peu avant sa rencontre avec Capote

Newton Arvin, un peu avant sa rencontre avec Capote

Truman Capote semblait rechercher des hommes presque à son opposé. Son premier amour, qui sera aussi son mentor, Newton Arvin, un érudit professeur de lettre au Smith College de Northampton était on ne peut plus différent de l'auteur de « La harpe d'herbe ». A 22 ans, Capote faisait beaucoup plus jeune que son âge alors qu'Arvin à 46 ans en paraissait beaucoup plus. Il était autant effacé que Capote était exubérant. Leur couple tiendra néanmoins deux ans. Arvin offrira à son jeune compagnon l'éducation qu'il n'a pas eue à l'université. Capote disait qu'Arvin avait été son Harvard. Newton Arvin est l'auteur d'essais sur Melville, Whitman Il resteront amis jusqu'à la mort de Newton Irvin en 1963.

Dans les années 50, surtout, Capote correspond avec deux jeunes romanciers débutants de sa génération Donald Windham et Andrew Lyndon ainsi qu'avec le jeune poète John Malcolm Brinnin (1916-1998) qui dirigera plus tard le Centre de poésie de Manhattan dans la 92 ème rue.​​

Donald Windham, second from left, with dancer Tanaquil Le Clercq, painter Buffie Johnson, Tennessee Williams and Gore Vidal.

Donald Windham, second from left, with dancer Tanaquil Le Clercq, painter Buffie Johnson, Tennessee Williams and Gore Vidal.

Donald Windham (1920-2010) est un sudiste comme Capote, il est né à Atlanta. Il est non seulement ami avec Capote mais aussi avec Tennessee Williams avec lequel il a collaboré pour l'écriture de « You touched me ». Il se brouillera avec Williams après que ce dernier eut fait paraître ses mémoires en 1975 dans lesquelles il n'est guère aimable avec Windham. Donald Windham a écrit plusieurs romans dont « The Dog Star » (1950), salué par André Gide et Thomas Mann, « The hero continues » (1960), qui était probablement basé sur des épisodes de la vie de Tennessee Williams, « Two people » (1965) qui raconte une histoire d'amour se déroulant à Rome entre un agent de change de New York, que sa femme vient de quitter, et un garçon italien de 17 ans et « Tanaquil » (1972), inspiré de la vie de George Platt Lynes. Il a aussi publié en 1987 « Lost frienship », un livre de souvenirs de son amitié avec Capote et Williams. Il a été considéré par certains comme son meilleur livre. Tennessee Williams apparaît de nombreuses fois dans les lettres de Truman Capote.

On peut constater que les deux hommes entretiennent sinon des rapports d'amitié au moins de bonnes intelligences. Ce qui n'empêcha pas Tennessee Williams de faire de Capote un portrait peu amène dans « Ses mémoires d'un vieux crocodiles ». Capote y répondra dans un des chapitres de son livre inachevé « Prières exaucées » par une description presque diffamante d'un certain Wallace dans lequel, il n'était pas difficile d'y reconnaître l'auteur d'un Tramway nommé désir ».

 

<< M Wallace est un nabot trapu, pansu, bouffi d'alcool, avec fausse moustache collée au dessus d'une lippe laconique.>>

Si par leur spontanéité on peut prendre les lettres de Capote pour argent content, il est aussi certain, surtout dans les dernières qu'il mentait par omission à ses amis et cachait ce qu'il faut bien appeler sa déchéance. Le portrait dans « Lost frienship » qu'en fait Windham que capote avait invité quelques jours chez lui à Palm Spring en 1968 est assez différent de ce que son hôte veut montrer de lui...

<< Capote s'installait rarement devant sa machine à écrire avant l'heure du déjeuner (il était censé travailler d'arrache pied à la rédaction de « Prières exaucées ») et emportait toujours une bouteille de vin dans la pièce où il travaillait , où il passait des heures au téléphone. Son régime était un bloody mary avant le déjeuner, suivis par trois ou quatre vodkas, puis du vin. Avant de diner, une bouteille de vin blanc, puis quatre ou cinq vodkas à la maison et deux ou trois autres au restaurant.>>.
Windham, Lost frienship

Windham (debout) et Sandy

Windham (debout) et Sandy

En 1943, Windham rencontre dans l'atelier de Paul Cadmus, Sandy Campbell un personnage qui va bouleverser sa vie et être récurrent dans la correspondance de Truman Capote. Sandy Campbell est alors un étudiant de premier cycle à l'Université de Princeton. Ils commencent une relation qui allait durer jusqu'à la mort de Campbell en 1988. On peut dire que cette relation a eu une grande influence sur l'oeuvre de Windham dans laquelle l'homosexualité est l'un des thèmes principaux. Sandy Campbell est l'une des personnes les plus présentes dans cette correspondance dans laquelle un indexe des noms cités aurait été bienvenu. Pour en finir avec Windham il est regrettable qu'à ma connaissance aucun de ses livres soient traduits en français (si je me trompe soyez aimable de m'en informer) d'autre part Christopher Bram dans son livre « Anges batailleurs » (voir le billet que je lui ai consacré: (http://www.lesdiagonalesdutemps.com/article-anges-batailleurs-ecrivains-gay-en-amerique-de-tennessee-williams-a-armistead-maupin-un-essai-de-c-120771997.html), qui est assez défavorable à Truman Capote mentionne « Lost frienship » mais aucun des romans de Windham (encore une des nombreuses omissions de Bram).

Quant à Andrew Lyndon (1918-1989) c'est a lui, qui n'a pourtant jamais été l'amant de Capote, que revient les entêtes de lettre les plus cajoleuses (voir la lettre ci-dessous). Au cours de sa vie, Lyndon s'est efforcé d'être un écrivain. Bien qu'il n'ait jamais réussi, il a acquis une reconnaissance par des écrivains importants comme Tennessee Williams et Truman Capote, entre autres, qui le considéraient comme un fin analyste et un bon commentateur de leurs oeuvres.

 

A Andrew Lyndon
Paris, 1er novembre 1949
Ma friandise

Paris plus glacial qu'une chatte de nonne. J'ai hâte de retrouver cette bonne vieille chaleur suffocante et brumeuse de New York. Hâte ? Peut-être pas. Quoi qu'il en soit, j'arrive à la fin du mois. Tu es sûrement au courant de ce qui s'est passé entre George Davis et moi. Il m'a envoyé le plus odieux des télégrammes. Laver toutes ces couches a dû le rendre hystérique. Je suis de mon côté d'une parfaite innocence. Mais je suis sûr que notre Phoebe travaille pour lui ; elle ne m'écrit plus, hélas. Je me réjouis malgré tout qu'elle ait ce job, c'est sûrement très agréable. J'ai vu le plus beau des films : Le Troisième Homme, de Carol Reed avec Orson Welles, superbe lui aussi - que tu le croies ou non. Il y a un merveilleux thème musical qui revient constamment joué à la cithare. Jane Bowles nous a rejoints et nous a offert un bébé pékinois, la chose la plus adorable que tu puisses imaginer. Comme il fait trop froid dans ma chambre pour travailler, j'ai pris sur moi de m'installer dans la cuisine de l'hôtel - rien que des folles, à l'exception du "marmiton" qui m'abreuve de cognac, et quand le soir arrive je suis pratiquement ivre mort, d'où fureur de Jack. Assisteras-tu à ma lecture, le 8 décembre ? Partisan Review a été suffisamment aimable pour m'apprendre que j'en faisais une. Amitiés à Harold, et écris-moi, mon doux enfant. Tombereau de bisous,
T
Truman Capote, Un plaisir trop bref, 10/18, pp. 121-122

Si les correspondants de Capote que j'évoque ci-dessus sont probablement méconnus par un grand nombre de mes lecteurs en revanche ce n'est pas le cas d'autres comme David O. Selznick, Richard Avedon, Christopher Isherwood, Cecil Beaton. On voit dans les nombreuses lettres que Capote envoie à ce dernier durant près de vingt ans se développer une profonde histoire d'amitié entre Truman Capote et Cecil Beaton.

David Herbert, Cecil Beaton and Truman Capote, Morocco, 1949. probablement photographiés par George Solomos

David Herbert, Cecil Beaton and Truman Capote, Morocco, 1949. probablement photographiés par George Solomos

Truman Capote et Cecil Beaton

Truman Capote et Cecil Beaton

On peut s'étonner de l'absence de certains noms dans ce recueil. En effet par exemple aucune lettre adressée à son amie d'enfance Harper Lee, ni à des écrivains qu'il connaissait bien et rencontrait comme par exemple à Tennessee Williams, pas plus qu'à Norman Mailer qui en 1959 trace un portrait saisissant de Capote:

 

<< Capote ne paraissait pas petit à la télévision (il mesurait 1,62 m), mais imposant! Son visage, en fait était extraordinaire, ce visage jeune-vieux, encore beau, avec la promesse de la laideur à venir; cette voix pleine de chuintement insidieux et de nasalités impitoyables; c'était une voix propre à frapper l'oreille de New York.>>
Norman Mailer, Morceaux de bravoure, Robert Laffont éditeur, 1984

Truman Capote et Harper Lee

Truman Capote et Harper Lee

Si nombre des correspondants de l'écrivain sont connus, il est surtout question  dans ces lettres d'une pléthore de célébrités les plus diverses dans les lettres de Capote. En vrac passe la reine d'Angleterre, Rex Harrison, Jackie Kennedy, Marilyn Monroe, Chaplin, Gide, le roi Farouk, Dylan Thomas, Stephen Spender, Greta Garbo, Orson Welles, Forster, William Saroyan, Marlon Brando, Peggy Guggenheim.... et tellement d'autres qui sont parfois férocement épinglés par le regard d'entomologiste de Capote.

Truman Capote, tout du moins dans sa jeunesse était flatté de fréquenter les vedettes et les grands de ce monde. Après la parution de « De sang froid » c'est lui qui sera la coqueluche des soirées mondaines. Mais en attendant il est fier de par exemple participer à un déjeuner bien arrosé avec la reine mère, organisé par son grand ami le photographe Cecil Beaton. Mais Capote est un snob paradoxal, il juge les personnalités non d'après leur position sociale ou leur mérite mais selon l'impression qui lui procure. Ce qu'il retient du fameux déjeuner avec la reine mère c'est: << Le dessert: une pure merveille, le meilleur gâteau que j'aie jamais mangé, une sorte de crème au chocolat fourrée de framboises fraîches.>>. 

 

Ces lettres nous font aussi pénétrer dans l'atelier de l'écrivain. On y voit Capote écrivain d’abord et avant tout. Son travail est au centre de ses préoccupations, de ses angoisses, de ses apaisements en témoigne cette lettre lorsqu'il écrit "Les domaines hantés: << J'ai repris mon roman, et c'est vraiment tout ce que j'aime, et je viens d'en écrire deux pages, et oh ! Bob, je veux que ce livre soit très beau ), parce qu'il me paraît essentiel, aujourd'hui plus que jamais, qu'un écrivain cherche à très bien écrire, le monde a perdu la tête, l'art seul est sain d'esprit, et une fois dispersée, une à une, les ruines des anciennes civilisations, la preuve est faite qu'il ne demeure que les poèmes, les tableaux, les sculptures et les livres. >>

Il travaille comme un fou ; même alité, il ne s’arrête pas.

On a aussi la révélation d’un Capote, professeur d’écriture qui prodigue à un écrivain en herbe de judicieux conseils : « Il faut que tu écrives tous les jours quoiqu’il arrive. » « Apprend à être simple. Un mot usuel est souvent celui qui convient le mieux. ».

L'écriture de "De sang froid" occupe presque tout son esprit pendant six ans. Les lettres de cette époque sont souvent émouvante. On y découvre un Capote qui pouvait se lier d'amitié avec des gens comme la famille de l'inspecteur Alvin Dewey (1912-1987) qui a en charge l'enquête des meurtre, très différenst de lui et du milieu qu'il fréquentait habituellement. La correspondance de cette période contredit l'image de Capote qu'en donne le film de Bennett dans lequel il est interprété par Philip Seymour Hoffmann. Ce film laissait entendre que capote était plus ou moins tombé amoureux d'un des deux tueurs. Ce que contredit catégoriquement ses lettres. Il n'éprouve que dégout pour les deux hommes même si leur exécution à laquelle il assiste le bouleverse. 

Ces deux hommes dans un champ du Midwest pourraient être les assassins Perry et Dick, auteurs d’un quadruple meurtre dans une famille de fermiers du Kansas, tant ils sont ressemblants. L’affaire a fasciné Truman Capote depuis qu’il l’a découverte dans le « New York Times », le 16 novembre 1959. Mais ce sont Scott Wilson et Robert Blake, les acteurs principaux de Richard Brooks dans son adaptation du best-seller publié deux ans plus tôt, « De sang-froid ».

Ces deux hommes dans un champ du Midwest pourraient être les assassins Perry et Dick, auteurs d’un quadruple meurtre dans une famille de fermiers du Kansas, tant ils sont ressemblants. L’affaire a fasciné Truman Capote depuis qu’il l’a découverte dans le « New York Times », le 16 novembre 1959. Mais ce sont Scott Wilson et Robert Blake, les acteurs principaux de Richard Brooks dans son adaptation du best-seller publié deux ans plus tôt, « De sang-froid ».

Truman Capote, center, with Harper Lee and Alvin Dewey in 1966 Steve Schapiro/Corbis
Truman Capote, center, with Harper Lee and Alvin Dewey in 1966 Steve Schapiro/Corbis

Truman Capote, center, with Harper Lee and Alvin Dewey in 1966 Steve Schapiro/Corbis

 Alvin Dewey et l'un des deux tueurs

Alvin Dewey et l'un des deux tueurs

On suit toute la genèse et l'écriture de « De sang froid » un livre qui dévore son auteur et dont il ne se remettra jamais. «les efforts que m’imposent l’écriture de ce livre sont d’une telle violence que j’en ai chaque matin des nausées. Plus grave encore : c’est de loin le meilleur livre que j’aie jamais écrit. Que faire, Dieu du ciel ? Je n’en sais plus rien».​ écrit-il à un de ces correspondants. « De sang froid » a tué Capote, comme « La recherche » à tué Proust. Après la fin de son grand oeuvre capote et une sorte de mort vivant. Il n'écrira presque plus rien de notable, sa vie sociale et sentimentale se délite.  On ne peut pas complètement donner tort au critique Daniel Mendelsohn qui voit en Truman Capote à l'instar d'Orson Welles et de Marlon Brando un "certain genre d'échec américain" (tout relatif) - qui consiste à ne pas remplir les promesses que des débuts fulgurants avaient laissé espérer, voir Orson Welles ou Marlon Brando. Il n'écrit presque plus de lettres... Les dernières années de Capote, très peu documentées par cette correspondance, sont à tous points de vues navrantes. Edmund White a avec talent raconté sa rencontre avec capote en particulier la façon dont il lui a tendu une vague joue, un geste de pure routine.

<< … Telles les deux soeurs Gabor faisant semblant de s'embrasser devant l'objectif. C'est bien me dit-il, je suis sûr que vous allez écrire des livres formidables, mais croyez moi... Il retira ses lunette et me regarda dans les yeux: c'est une vie épouvantable.>>
Edmund White pour le magazine « After dark »

Si Capote écrivait beaucoup de lettres c'était peut être surtout, il le dit clairement, pour avoir la joie de recevoir à son tour des nouvelles de ses amis, et si possible, les commérages que ceux-ci pouvaient lui confier. Il faut se rappeler qu'il a écrit presque toutes son oeuvre en Europe, donc loin de la plupart de ses amis. Il était incapable disait-il d'écrire en Amérique. On peut penser aussi que cette correspondance l'aidait à faire le point sur son travail, sa santé, ses états d’âme, ses relations, ses lectures, les pièces de théâtre et les films qu'il voyait lorsqu'ils s'octroyait quelques jours de vacances pour s'échapper au carcan de son travail Ainsi ce recueil de lettres finit par constituer une sorte journal qui procure un immense plaisir de lecture. Si Capote ne répugne pas à colporter quelques anecdotes, l'ensemble est néanmoins plus sérieux à ce quoi je m'attendais, enfin pas toujours comme le prouve ces extraits:

«J’ai vu un graffiti très drôle dans une pissotière. Quelqu’un a écrit “Je mesure 19 centimètres et demi et je serai là lundi prochain”. Et quelqu’un a écrit au-dessous : “D’accord, mais ta queue, combien mesure-t-elle ?”».

<< John Huston et Humphrey Bogart m'ont rendu fou tant ils font la bringue. A moitié ivre toute la journée, et complètement ivre la nuit. Je suis rentré un matin à 6 heure dans la chambre de Bogart pour y trouver le roi Farouk dansant le hulahoop.>>

Ces lettre nous renseigne aussi de ce que s'était d'être homosexuel dans les années 50-60. La notoriété n'était pas synonyme d'impunité comme le démontre l’arrestation par la police de John Gielgud dans des pissotières londoniennes ou celle de Newton Arvin par la police parce que ses bagages contiennent des revue et photo pornographiques homosexuelles.

L'homophobie de certains critiques ne lui faisait pas perdre son sens de l'humour: << Ce que racontent Mmes McCarthy et Diana Trilling m’a beaucoup amusé. Si Diana veut vraiment comprendre d’où vient cette « inquiétante prolifération » d’écrivains pompe-zizi, qu’elle s’asseye devant son miroir et qu’elle se regarde. >>

A travers ce qu'il écrit à ses correspondant apparaît un monde bien différent de celui que nous connaissons, en particulier un sud de l'Europe d'avant le tourisme de masse. Pour ceux qui, comme moi , ont eu la chance de séjourner dans presque tous les lieux dans lesquels Capote a écrit son oeuvre, ils auront un plaisir supplémentaire de retrouver dans "Un plaisir si bref" ces beaux endroits plus authentiques qu'aujourd'hui.

« Une Venise de neige, une Florence de pluie, une Rome hors de prix, une Naples d’escrocs. »

La lecture de cette correspondance est parfois drôle, presque toujours émouvante. Il y a un coté candide chez cet homme si intelligent si soucieux des autres et de lui même, si exigent envers sa pratique ne s'apercevant pas que' en publiant un chapitre de "Prière exaucée" Qui met au jour les turpitudes de ses amis qui son en fait les siennes, les miennes et les votres chers lecteurs il allait se suicider socialement. Et puis cette correspondance, en dit, mine de rien, beaucoup sur l'époque à laquelle elle a été écrite. Elle est aussi très utile pour mieux apprécier l'oeuvre de Truman Capote. Je conseille, surtout pour la première partie, de lire en parallèle d'"Un plaisir trop bref" les nouvelles qu'il mentionne dans ses lettre. Ma préférée est « La guitare de diamant » qui est bien dans le ton de ce blog...  

Norbert Bisky, work on paper à la Galerie Daniel Templon

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Norbert Bisky, work on paper à la Galerie Daniel Templon
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Norbert Bisky, work on paper à la Galerie Daniel Templon
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Norbert Bisky, work on paper à la Galerie Daniel Templon
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Norbert Bisky, work on paper à la Galerie Daniel Templon
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Norbert Bisky, work on paper à la Galerie Daniel Templon
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Paris juillet 2014

Paris juillet 2014

Vous avez jusqu'au 25 juillet pour voir cette belle exposition à la galerie Templon, impasse Beaubourg, 75003 Paris.

Pause

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une semaine de pause pour goûter l'eau de l'Atlantique.

Profitez en pour arpenter le blog et y laisser de nombreux commentaires

Chris Ryan, Gay Footballers

Matt Lambert

Mario Tozzi, Due figure, 1937


Michele Parliament, BJ (2013)

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Que la jeunesse... (127)

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Que la jeunesse... (127)
Herbert List

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Jos Le Doaré

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Francis Luis Mora

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Francis Luis Mora
Francis Luis Mora
Francis Luis Mora
Francis Luis Mora
Francis Luis Mora

F. Luis Mora, également connu sous le nom Francis Luis Mora est né le 27 oeuvre. Mora a travaillé à l'aquarelle, à l'huile et à la tempera pour ses peintures murales. Il a réalisé outre ses peintures  de nombreux dessins à la plume et au crayon ainsi que des gravures et des monotypes. D'une famille à la fois d'artistes et aisée, il était apparenté à la famille Bacardi (le rhum), il a beaucoup voyagé en particulier en Europe. Il est connu pour ses tableaux et dessins décrivant la vie américaine au début du XXe siècle ainsi que la société Espagnole. Il a aussi traité des sujets historiques et allégoriques. Il a également enseigné à la School of Art de New York et à l'Art Students League. Parmi ses élèves il y avait Georgia o ' Keeffe Il est mort le 5 juin 1940 aux Etats-Unis où il a passé la plus grande partie de sa vie.

on décèle facilement l'influence de Eakins dans ce tableau

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Francis Luis Mora
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Thomas S. Buechner (1926 – 2010)

George Platt-Lynes

Délire d'amour de Ian McEwan

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Délire d'amour de Ian McEwan

La lecture d' « Expiation » m'a donné l'envie de découvrir d'autres romans de McEwan. Les habitués de ce blog, qui savent mon intérêt pour les lettres anglaises, n'en seront pas surpris. Ils seront en revanche peut être étonnés de ma tardive découverte d'un auteur aussi célèbre, mais l'offre et vaste et la vie est courte...

Or donc j'ai jeté mon dévolu pour continuer mon exploration de cet auteur sur « Délire d'amour »; comme à mon habitude lorsque j'entreprend d'approfondir la connaissance d'un auteur, je me fais fi de la chronologie des parutions et de la notoriété des ouvrages. « Délire d'amour » n'est pas le plus connu des livres de McEwan. Il est paru en Angleterre en 1997 et en 1999 en France, traduit par Suzanne Mayoux. Il n'a pas grand chose à voir avec « Expiation ». Puisqu'il se déroule de nos jours, du moins dans l'Angleterre de la fin des années 90 et qu'il relève, contrairement à « Expiation » d'un seul genre, le roman psychologique. Le style est beaucoup plus rapide que dans « Expiation ». On retrouve néanmoins dans « Délire d'amour deux caractéristiques qui étaient au centre d' « Expiation » le thème de la culpabilité et la façon dont Mc Ewan manipule son lecteur.

Le héros et narrateur de « Délire d'amour » est Joe Rose, la quarantaine bien entamée. C'est un journaliste scientifique à succès, sorte d'Hubert Reeves mâtiné de François de Closet des lettres et de la télévision britanniques. L'homme, qui pour un regard extérieur paraît comblé, souffre néanmoins d'avoir manqué, par absence d'opportunisme sa carrière de chercheur. Il partage sa vie avec Clarissa une universitaire spécialiste du poète romantique Keats. Leur amour ne s'est pas démenti au fil des années mais Clarissa a le regret de ne pas pouvoir avoir des enfants. Leur quiète vie confortable va être irrémédiablement bouleversée par un événement dramatique. Alors qu'ils pique-niquent dans la belle campagne anglaise, ils sont interrompus par un appel au secours. Un aérostier ne parvient pas à ancrer son ballon dans le champ à la bordure duquel le couple déjeune. L'engin menace de lui échapper et reprendre de l'altitude alors qu'un enfant est encore captif dans la nacelle. Avec Joe quatre autres hommes, qui se trouvaient dans les alentours, se précipitent pour aider l'infortuné qui semble être un novice dans ce genre de situation. Il y a deux ouvriers agricoles, un jeune homme, Jed et le docteur Logan, un sportif émérite âgé de 42 ans. Les cinq hommes saisissent les cordes qui pendent de la nacelle. Mais une forte bourrasque survient et, en dépit de leurs efforts, certes désordonnés, le ballon s'élève. Les hommes lâchent l'un après l'autre les boutres avant que l'engin ait pris trop d'altitude et qu'il soit alors dangereux et vite mortel de lâcher prise. Qui a lâché le premier? On ne le saura jamais. Seul le docteur Logan reste suspendu à sa corde. Le ballon est bientôt plus qu'un point dans le ciel. Epuisé Logan lâche. Il s'écrase 300 mètres plus bas.

Surtout après avoir lu « Expiation », le lecteur peut croire qu'après la longue exposition du drame qui est disséquée par séquences et que l'on voit comme « filmée » au ralenti, il va lire dans les pages suivantes une minutieuse description et analyse du sentiment de culpabilité chez Joe. Il n'en sera rien. Si Mc Ewan est habile à créer le suspense, il l'est aussi à déjouer les attentes de son lecteur. Ce qui suit la très précise description du l'accident est une toute aussi minutieuse autopsie d'une folle obsession amoureuse. Celle dont Joe va être l'objet de la part de Jed, jeune homme exalté qui voit la main de Dieu dans le fait d'avoir rencontré Joe. Jed ne va plus lâcher Joe.Il l'inonde d'un amour démesuré, qui semble totalement incongru. Joe commence par l'ignorer, mais c'est sans compter sur l'acharnement de Jed. Très vite, la situation vire au harcèlement. Cette psychose construite autour de la conviction délirante que l'on est aimé par une personne est nommée syndrome de Clérambault.

Puis avec un sens du suspense magistral, Mc Ewan instille à dose homéopathique le doute chez son lecteur. Et si cette histoire de harcellement était une invention totale (ou partielle) de Joe pour faire écran à sa culpabilité. Alors que dans la première partie du roman, on est persuadé que Jed est fou et que ce que dit Joe est la vérité, vers la moitié du livre on commence à croire à l'exact contraire. Il serait bien dommage de vous dévoiler ce qu'il en est vraiment. Peut être tout autre chose d'ailleurs que ces deux éventualités. Les caractères, l'évolution des personnages et leurs relations au cours de l'histoire sont remarquablement décrits. Mais comme on peut le lire ci-dessous Mc Ewan sait aussi être un brillant paysagiste:

<< Au seuil de l’après-midi, nous avions rejoint le chemin de Ridgeway, et longé en direction du nord le bord de l’escarpement. Puis nous avons suivi l’un de ces larges promontoires qui s’avancent à l’ouest des Chilterns en surplomb des riches terres agricoles. De l’autre côté de la vallée d’Oxford, on distinguait les contours des Cotswold Hills et, au-delà, la masse bleutée et vague était peut-être celle des Brecon Beacons, au pays de Galles.
Nous comptions pique-niquer tout au bout, là où l’on jouissait de la plus belle vue, mais le vent soufflait trop fort à présent. Rebroussant chemin à travers le pré, nous nous sommes donc abrités sous les chênes, à la lisière nord. Et c’est à cause de ces arbres que nous n’avons pas vu descendre le ballon. >>

Parallèlement au récit du harcèlement de Joe par Jed, l'auteur nous fait pénétrer dans le cerveau d'un homme, Joe, continuellement occupé par des spéculations autant scientistes qu'oiseuses. En poussant à l'extrême le goût du rationnel chez son héros Mc Ewan donne au roman une bonne dose d'humour, souvent noir. Notre Joe ne doute jamais de lui même, en cela il est bien représentatif de la faune des spécialistes qui sévissent dans les média. Son impudente assurance atteint un tel degré qu'il n'hésite pas, après avoir fait l'amour à sa compagne, tout en réfléchissant à la possibilité du rire chez le singe ou à la dérive des continents, à lui poser la question suivante, qui est en fait une affirmation déguisée: << Tu ne penses pas que je représente une espèce de pas en avant dans l'évolution?>>.

On peut voir sous-jacent dans le roman plusieurs critiques de notre société moderne; tout d'abord celle de son rejet de dieu (je rappelle que le roman est écrit à la fin du XXI ème siècle). Très habilement Mc Ewan utilise la folie déiste de Jed pour la confronter avec ce qui nous apparaît vite comme un autre extrémisme, celui de Joe, une sorte de positiviste attardé. L'auteur met en évidence un autre travers de notre société médiatique qui est celui de demander son avis à un scientifique dans un domaine sous prétexte qu'il est une sommité dans un autre. Mais ce qui intéresse surtout l'auteur c'est l’impact qu’a Jed sur le couple. Le soupçon s’insinue bientôt entre Joe et Clarissa. Il suffit à détruire ce bonheur tranquille qui coulait auparavant comme une évidence et a leur faire perdre leur vocabulaire amoureux familier.

Le titre anglais de « Délire d’amour » est « Enduring Love » , que l’on peut traduire par Amour Tenace (Harraps). Il est beaucoup plus juste que le titre français car il s'applique tout aussi bien à la fixation amoureuse de Jed sur Joe qu'à l'amour de Clarissa pour ce même Joe. Si « Expiation » regardait du coté d'Evelyn Waugh celui-ci pencherait plutôt vers Daphnée du Maurier et Patricia Highsmith, ce qui n'est pas mal non plus... Ian Mc Ewan se serait inspiré d'un article paru dans une revue de psychiatrie pour écrire ce livre.

Dans tout le roman, Mc Ewan utilise une figure de style que j'appellerais de la procrastination littéraire. Elle consiste a décrire une foule de détails qui retarde l'annonce d'un fait capital. Cette pratique met le lecteur sous tension. Son exaspération est en lutte avec son irrésistible envie de savoir ce qui va se passer, ce qui a pour conséquence qu'il est très difficile d'abandonner ce roman. On peut juste reprocher à Mc Ewan sa trop grande virtuosité, tout comme Liszt dans ses compositions les plus vertigineuses, il ne peut s'empêcher de montrer toutes les facettes de son talent. Ainsi le pittoresque et drolatique chapitre où Joe négocie l'achat d'un pistolet à des paumés est délectable mais il n'apporte rien à ni l'intrigue, ni à la connaissance que l'on a des personnages, il n'est que la brillante démonstration que McEwan est aussi à l'aise dans le registre comique que dans celui de la tragédie. Isolé ce morceau ferait une succulente nouvelle. Vous conviendrez qu'un livre dont on ne peut faire à son auteur que le reproche du coruscant de son talent n'est pas chose fréquente et qu'il mérite qu'on y aille voir.       


une visite au Musée d'Archéologie d'Athènes, des stèles mortuaires

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une visite au Musée d'Archéologie d'Athènes, des stèles mortuaires
une visite au Musée d'Archéologie d'Athènes, des stèles mortuaires
une visite au Musée d'Archéologie d'Athènes, des stèles mortuaires

Elles sont émouvantes ces stèles mortuaires qui évoquent et célèbrent de jeunes morts enlevés à la vie encore dans leur éclatante beauté, il y a 25 siècles. Ce sont souvent des athlètes. Sur les stèles on les voit accompagné de leur animal familier et parfois d'un jeune esclave éploré. Parfois le jeune défunt fait face à son père ou à son maitre (?).

une visite au Musée d'Archéologie d'Athènes, des stèles mortuaires
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une visite au Musée d'Archéologie d'Athènes, des stèles mortuaires
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Alfred Wolmark (1877-1961), The Models, 1918.

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Alfred Wolmark (British, born Poland, 1877-1961), The Models, 1918. Oil on board, 34 x 18¼ in.

 Oil on board, 34 x 18¼ in.

 

Francis Campbell Boileau Cadell (1883-1947), Cytherea

Lectures de printemps

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Lectures de printemps

Voici, avec un gros retard, mes lectures de printemps. Elles sont assez mince car comme le temps a été pluvieux et que la plus grande partie de mes lectures se fait au jardin, ce printemps 2014 y a été peu propice. L'image ci dessus sur laquelle on me voit en plein "travail" a été prise dans les tous derniers jours de la saison. Vous remarquerez le carnet, pour une fois pas en moleskine accompagné d'un porte mine, ustensiles indispensables en ce qui me concerne pour une bonne lecture, le tout sous la garde de Clara.

 

-  A travers temps de Robert Charles Wilson (roman)

- Ad astra / Mihachi Kagano tome 1 (manga)

- Le chef de Nobunaya / Mitsuru Nishimura & Takuro Kajikawa tome 1 et 2 (manga)

- On a sauvé le monde / Dominique Fernandez (roman)

- Jack Holmes et son ami / Edmund White (roman)

- De l'eau glacée contre les miroirs / Philippe Mezescaze (récit)

- Trois semaines obscures / Dominique Mauries (roman)

- Retour à Brideshead / Evelyn Waugh (roman)

- Bakuman, tome 18 et 19  / Tsugumo Ohba & Takeshi Obata (manga)

- Britannia (Alix) / M; Jailloux- M. Bréda (B.D.)

- Les vestiaires / Timothé Le Boucher (B.D.)

Cesare de Fuyumi Soryo tome 8 et 9 (manga)

Billy Bat, tome 10 et 11 / Naoki Urasawa & Takashi Nagasaki tome (manga)

- I am a hero, tome10 / Kengo Hanazawa (manga)

- Sprite / Yugo Ishikawa tome 11 et 12 (manga)

- Vie de Mizuki / Mizuki, tome 2 (manga)

 

 

jeune créature par Tom of Finland?

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