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Matt Lambert (2)


DES ÂGES EXPOSÉS EN PROIE, Conférence écrite et donnée par Dominique Mauriès Académie d’été Moyen Âge et Renaissance Château royal d’Amboise 13 août 1988

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DES ÂGES EXPOSÉS EN PROIE, Conférence écrite et donnée par Dominique Mauriès Académie d’été Moyen Âge et Renaissance Château royal d’Amboise 13 août 1988

 

 

 

 

UNE FORÊT : profonde, pleine de rumeurs, parée de tous les mystères. Un temps, quelques moines, les guerriers de Dieu, s’y isolèrent, y fondèrent des ordres, y chantèrent huit fois par jour. Prières, mais aussi essartages, travaux de forge et de tissage, à grand ahan, selon les règles du monachisme, bien à l’écart de la société séculière et de sa superbe. Un temps aussi s’y cachèrent faidits, renégats de tous poils, mainades1, lépreux et ceux-là, les hérétiques, les Albigeois, qui, des manifestations du monde, ne voyaient que pièges du Malin, œuvre satanique. Les monts de Lacaune, plus précisément leurs versants méridionaux, ceux qui préludent à une autre montagne, celle-là dite Noire, celle donc des forces perverses, des secrets à demi-révélés : la femme à la quenouille, au lit et au coffre, y réside toujours. La vraie fée du logis. Une Mélusine2. Une sorcière. Une rebouteuse, aujourd’hui.

 

Nous y sommes, au mitan d’un été ; eux, un groupe d’enfants soustraits des obligations familiales et scolaires, moi, animateur dans un centre de colonie de vacances. la forêt : une promenade revendiquée dès le premier jour. Ce lieu d’errance attire, irrépressiblement, parce qu’il est le lieu de toute action romanesque. Il l’a toujours été. La forêt, nous dit Georges Duby, domaine des adolescences périlleuses, de tous les charmes délétères, qui redresse le torve et par quoi sont disciplinées les poussées de vie. Cette forêt, il nous faut donc l’apprivoiser, faire semblant de s’y perdre, s’y distinguer aussi. Surtout. Et qu’apparaissent, au détour d’un hallier, des murs en ruines, le décor, d’instinct, est dressé. Une tour, une palissade, des bauges3 de branchages, bref, un lieu de protection, une forteresse, un château. Aussitôt forclos. Cet espace exige la présence du seigneur. Il s’impose. Il est de grande force, de bonne mine, un homme de douze ans, un “nice jouvenceau”, ainsi nous est décrit, à l’orée du XIIIe siècle, Perceval enfant par Wolfram von Eschenbach. Des soldats, ensuite, qui le protègent. Des hommes-liges4. Des vassaux, et, par voie de conséquence, des serments : les crachats sur le sol remplacent les rites “de main et de bouche”. Et, pour en finir avec cette mise en scène, des règles, les règles du jeu : il sera guerrier. Il y a les bons, les méchants, les traîtres. Fi des préliminaires : l’affront est de taille. Un rapt ! L’enlèvement de la Dame, une gamine, une fillette, la seule avant accepté le rôle : est-elle donc si jeunette qu’on ne puisse la marier ? Palabres, défis, rognes, tumultes, assauts, pour elle, captive, apeurée, mais ravie, au coeur de cette escouade. Les voilà donc, ces benêts, en une aventure improvisée à quelques lieues du château de Ferrières5, égratignés, haletants, téméraires, bientôt moulus, d’aucuns occis, peu, l’épée en noisetier fichée entre bras et torse. Les agonies sont lentes, éminemment théâtrales, car il s’agit bien de cela : mimer des actions d’éclats, courir sus au félon, jouter, rançonner, c’est-à-dire prendre à bras-le- corps, par itération de gestes, les coutumes guerrières de ces êtres quasi légendaires qui peuplent l’imaginaire et enchantent l’enfance, toujours.

 

CES HOMMES, magnifiés par le conte ou découverts sur un manuel d’histoire médiévale, silhouettes singulières, attirantes, engoncées dans une carapace de métal et de cuir, ces tournoyeurs professionnels, ces chevaliers jetés dans une multitude de rixes mais dans peu de batailles, ces “Perceval”, ces “Gauvain”, ces “Lancelot”6, des errants qui se précipitent au moindre “combat de plaisance”, puis qui s’en retournent en une solitude si peu prisée en ces siècles mais glorieuse... Et ici, dans le tissu confus d’une forêt “soutaine7 et félone”, reproduire une coutume tant et tant de fois décrite, étudiée, enjolivée : la prouesse chevaleresque. Le Moyen Âge donc. Ou pour le moins son domaine attirant, haut en couleurs, pittoresque : le duel, la bousculade. Turbulente, bagarreuse, cette garçonnie transformée en conroi8 troque l’arme à feu contre l’arme noble, Arthur détrônant David Crockett. Mordred9 remplaçant un quelconque transfuge, Guenièvre10 se pâmant d’autant mieux que son front est serti d’une couronne de feuillages. Caricature naïve, tronquée, de la geste féodale ? Certes ! Le médiéviste bougonne, le professeur s’inquiète. Ecoutons celui-ci : « Moyen Âge à la mode [...], mais Moyen Âge qui imprègne les esprits moins par des connaissances précises que par l’exotisme qui s’en dégage. Époque rurale, immobile, le Moyen Âge adolescent est un espace de guerres continuelles et d’exactions seigneuriales, à la fois répulsif et attirant ». Constat abrupt, clairement énoncé, conforté par des réponses à un questionnaire précis, un examen, un test, si peu un jeu, si peu un plaisir, si peu le goût d’une quête, son amorce. Pour l’exemple : « Voici une liste de personnages historiques : certains ont vécu au Moyen Âge. Lesquels ? Voici une liste d’évènements historiques : certains se sont déroulés au Moyen Âge.

 

Lesquels ? Voici une série de dates importantes : certaines font partie du Moyen Âge. Lesquelles ? »... Voilà comment est enchaîné, dans un cul de basse-fosse, ce qui est « à la fois nos racines, notre naissance, notre enfance, et ce rêve de vie primitive et heureuse » dont nous parle Jacques le Goff.

 

LE MOYEN ÂGE adolescent, ou des âges exposés en proie... Il est temps, me semble-t-il, de s’égratigner à un buisson de questions. Que signifient ces termes : Moyen Âge adolescent ? Peut-on les énoncer en toute impunité ? Peut-on, a fortiori, les définir ? À quel Moyen Âge se réfère-t-on ? Celui du “haut”, du “moyen”, du “bas” Moyen Âge ? Celui des forêts ? Des abbayes ? Des cathédrales autour desquelles, essor prodigieux, se dessinèrent nos villes ? Est-ce celui de Régine Pernoud qui, pertinente, réserve ces vocables aux deux derniers siècles de notre histoire ? Est-ce celui de Jacques Le Goff qui nous dit que le Moyen Âge n’est pas une époque réductible au seul âge des ténèbres, acception au demeurant tout à fait erronée, mais une longue époque durant laquelle, à la pauvreté, aux épidémies, et aux bûchers répondirent la construction de Saint-Denis et de Notre-Dame, naquirent les universités, furent mis en lumière le système solaire et la circulation du sang, apparurent les fourchettes ? Époque extensible, long, long Moyen Âge, qui va perdurant, qui nous sollicite, qui nous enveloppe, nous qui craignons, comme aux approches de l’An mille, épidémies et cataclysmes... Autant de questions sur la difficulté de sérier mille ans d’histoire et dont les réponses restent variées, opportunes ou balbutiantes, mais stimulantes toujours. Autant de questions qui, en mon propos, en appellent d’autres. Le Moyen Âge adolescent... De quel adolescent parle-t-on ? Est- ce l’enfant qui ne sait pas écrire mais qui dessine inlassablement des châteaux et des rois ? Est-ce le pré-adolescent qui ignore tout de Crécy ou de Bouvines mais qui subtilise à la barbe des guides telle pierre de telle forteresse, vestige étiqueté, daté, et conservé parmi tant d’autres mêmement dérobés ? Est-ce cet autre pré-adolescent qui, sous une chaleur accablante, distribue des tickets de visite au pied de la montagne de Peyrepertuse11 et sait dire, par cœur et avec le ton, les premières laisses du “Canso” de Guillaume de Tudèle12 ? Est-ce cet autre adolescent, citadin celui-là, que je découvris déconfit et quelque peu colère de n’avoir obtenu que deux malheureux 10/20 à des exposés (dont les thèmes étaient délibérément choisis), le premier sur Robert le Diable13, le second sur Tristan et Yseult, devoirs dont je me porte garant quant à la qualité de la rédaction ? Il y a des professeurs qui, manifestement, n’aiment pas le Moyen Âge : a-t-on craint pour cet élève une déviance intellectuelle, voire politique ? Je l’ignore et ne peux user, au risque de déparler, du procès d’intention.

 

CES EXEMPLES, réunis bout à bout, peuvent nous amener à penser que le Moyen Âge adolescent, si tant est que nous puissions faire fi du caractère ondoyant, voire insaisissable des termes, doit être énoncé non comme une réalité pédagogique, circonscrite dans le temps et bridée par un programme, mais comme LA CONJUGAISON INTIME, SECRÈTE, entre UN RÉFLEXE LUDIQUE et un PENCHANT ESTHÉTlQUE, certes évanescent, hasardeux et informulé.

 

Laboureur opiniâtre de nos consciences, éveilleur de tous nos secrets, René Char, historien à sa manière, interroge : « Comment, faible écolier, convertir l’avenir et détiser ce feu tant questionné, tant remué, tombé sur ton regard fautif ? » Cet avenir n’est-il pas celui qui nous effraie, celui où, à l’instar des détrousseurs de l’An mille, nos guerriers nantis d’armes diaboliques, s’acharnent à vouloir détruire et « versent le sang des justes » ? Ce feu n’est-il pas le Moyen Âge lui-même, période devenue de jour en jour plus actuelle, familière, entêtante, ère durant laquelle nos aïeux, comme nous-mêmes, combattaient les ténèbres ? Et ce regard fautif de l’écolier démuni n’a-t-il pas été le nôtre, écarquillé, scrutateur, quand il se leva pour la première fois vers les voussures des cathédrales ? Et le maître de l’Isle-sur-Sorgue de répondre : « Le présent n’est qu’un jeu ou un massacre d’archers ». Alors, à trop dédaigner l’imaginaire frivole, enfantin, entaché d’ignorance — le mime chevaleresque des gamins des forêts n’est-il pas cela ? — risque de s’ouvrir en grand le portail des massacreurs, ces archers, ces hommes de pied que sont parfois les docteurs de l’enfance et du savoir. Pour l’âge dont je parle, talismanique14 s’il en est, — âge qui dépassait celui du “mignotage”15 et s’épuisait avant “l’adoubement”, soit aujourd’hui entre 7 et 13 ans d’après les conclusions extraites de l’ouvrage L’enfant à l’ombre des cathédrales — pour cet âge donc, le Moyen Âge ne s’étudie pas, ne s’apprend pas. Tout au plus, quand vient “octobre et la rentrée dans l’ordre”, se discipline-t-il avec force résumés chronologiques. Le Moyen Âge se picore au gré des forces vives de la nature, il se présente au travers d’une épée hâtivement fabriquée avec des planches, il subjugue dans les salles austères et angoissantes des donjons, il se révèle, criard, bariolé, mais combien séduisant, en quelques lices dressées pour des festivals estivaux... Ne l’oublions jamais : c’est notre PREMIER Moyen Âge, celui des douves et des huiles bouillantes, celui de Wilfrid d’Ivanhoé et du sire de Bois Guilbert16, celui que j’interroge, essayant d’analyser l’étonnant pouvoir de séduction d’une banale boite de conserve métamorphosée un jour en un heaume rutilant, gouaches vives et toutes fougères flottantes. Nous sourions de cette panoplie, gare à qui la renie ! Car la renier serait méconnaître le pourquoi d’un choix et d’une démarche qui nous réunissent pour la première fois en cette académie. Comme serait utile parfois le retour dans ces forêts du Morrois17 ou de Brocéliande18, en compagnie des acteurs nigauds de la fresque chevaleresque. Nous y boirions à nouveau à la fontaine d’un engouement, du moins pourrions-nous se dégourdir les jambes. Un univers médiéval, je l’ai dit, qui se picore, se présente, se révèle. subjugue. Puis qui s’épouse enfin, sans fausse pudeur, sans retenue, lors des longues soirées d’hiver, en des lieux clos, privilégiés, là où se dessinent d’incroyables labyrinthes ; je veux parler de ces scénarios fantasmatiques modernes que sont les jeux de rôles. C’est une nouveauté. Qu’elle soit simple toquade, violon d’Ingres de la colère des médiévistes, objet de dédain pour quelques professeurs acariâtres, source inespérée et inépuisable d’interprétations psychologiques, voire psychanalytiques où le fallacieux le dispute souvent au byzantin, cette nouveauté est d’importance.

 

LE DONJON de l’Effroi, Talisman, Pendragon19... Jeux pernicieux, trompeurs, à l’esthétique suspecte, favorisant chez l’enfant un réflexe schizoïde... Allons donc ! Dans son Apostille au Nom de la Rose, Umberto Eco écrit : « À la vérité. je n’ai pas seulement décidé de parler du Moyen Âge. J’ai décidé de parler DANS le Moyen Âge », démarche ambitieuse, option d’érudit, sujette justement au dédoublement de celui qui l’inaugure et qui paraît répondre à une autre préoccupation, celle de Roger Caillois qui, lui, se demande ce que peut être l’imagination juste. « C’est réunir, nous confesse-t-il, autant que faire se peut, les conditions d’une conjoncture heureuse ». Ainsi, tandis que le romancier italien introduit une notion qui lui appartient en propre et que le jeu de rôles suppose ipso facto — le parler vrai, le sens de l’ORALITÉ,

ce fil non coupé, selon Jacques le Goff, qui nous relie au Moyen Age —, celui qui scrute les roches, thésauriseuses d’histoire et qui, opportunément, nous entretient du Tarot des Imagiers du Moyen Age, définit le jeu comme un « excellent entraînement à imaginer juste ». Oralité, imagination, jeu. Les parallélismes entre l’univers forclos d’Adso et de Guillaume de Baskerville20, celui des Imagiers du Moyen Âge et celui de Pendragon, sont éloquents. Toujours le langage, l’image et le mythe. Des jeux, bien sûr, — celui d’Eco, une belle aventure, le jeu du détective ; celui de Caillois, la Figure21, un jeu à haut risque pour l’âme ; celui de Pendragon, qui est moins le catalogue exubérant des “topoï”22 accrochés à la mémoire collective que l’approfondissement ludique du mystère moyenâgeux — et ils sont révélateurs pour la connaissance de soi et des autres, en une époque qui, ici, nous sollicite. Voilà ce qui conduit l’enfant joueur qui ne sait rien de la Première Croisade, du meurtre de Thomas Beckett ou de la création de la Sorbonne, à épouser la quête des chevaliers de Pendragon, à s’immiscer corps et âmes dans leur existence, « à se mouvoir en maintes terres pour prix et aventures quérir ». Notre PREMIER Moyen Âge, je le répète, celui où nous étions espiègles, rêveurs, gothiques à souhait, c’est-à-dire un peu barbares et follement indisciplinés. Où nous étions, Mesdames, Messieurs, EN ATTENTE D’ÉRUDITION.

 

Si peu une leçon d’histoire au tableau noir, sous le couvert un peu pernicieux de la beauté des ruines, la magnificence des rois et l’austérité des livres, mais les réponses aux incroyables questions que d’aucuns parmi nous n’auraient pas envisagées il y a à peine dix ans : « Qui est-il, celui dont je mime l’aventure, cet autre vêtu d’un bliaut ou d’une cotte d’armes ? Quel est le secret de sa puissance ? Son intimité ? Enfin, par Dieu, est-ce que je lui ressemble ? »

 

Tronqué, extravagant, inepte Pendragon ! Ni plus tronqué, ni plus extravagant, ni plus inepte que ces images médiévales, complaisantes, plastiques à souhait, ces planches graphiques cousues de pillages, de viols, d’épidémies, de sang et d’infamies mettant à l’encan, sous le fallacieux prétexte d’une mise à jour culturelle de la bande dessinée23, toute propension aux rêves, ces rêves justement que le plus tard de l’enfance se chargera de déchiffrer, ce qui me semble œuvre de science et de perspicacité. « Je crois, c’est encore Jacques le Goff qui nous le dit, que l’importance nouvelle de l’imaginaire se développera encore dans le domaine de la science historique et de la science tout court ». L’enfant n’en est pas encore là, lui qui chevauche, toutes bannières flottantes, cette carte mirifique de Pendragon, étalée sur une table par le Maître du jeu chevaleresque, un pair, un compagnon, celui qui n’est plus le professeur qui vaticine mais le savant qui ouvre, audacieux, la porte de l’imaginaire médiéval. Ce qu’est le jeu de rôles, c’est bien cela, un détour nouveau quant à l’introduction au monde médiéval. On y meurt rarement, et si, par malheur, le jet des dés est néfaste — les dés, encore le jeu du hasard, tels les Tarots d’antan, la Sapience secrète du Moyen Âge —, l’autre sera là, toujours, pour secourir, offrir des points de vie et pardonner félonie et couardise.

 

QUI PARLE ? Richard Coeur de Lion et Guillaume le Maréchal, ou les jeunes acteurs du mime chevaleresque ? Tous, peut-être, malgré sept siècles d’intervalle. Pour les uns, ce sont murmures, paroles d’enthousiasme, ordres de stratèges. Pour les autres — mais le savaient-ils sur l’instant ? — c’était, tout bonnement, faire l’histoire. Écoutons : « Maréchal, l’autre jour vous avez voulu m’occire, et je serais mort sans aucun doute si je n’avais détourné de mon bras votre lance. Ce fut pour vous mauvaise journée.

- Sire, je n’ai jamais eu l’intention de vous tuer, ni ne m’appliquai à le faire. Je suis encore assez fort pour conduire une lance. Si je l’avais voulu, j’aurais frappé droit dans votre corps, comme je le fis dans celui du cheval. Si je l’ai tué, je ne le tiens pas à mal, ni ne m’en repens. - Maréchal, je vous pardonne. Jamais je n’en serai irrité contre vous. »

Poignant dialogue, non retranscrit sur les manuels d’histoire, mais pressenti toujours dans la marge d’un jeu en pleine nature ou dans celle d’un Donjon-Dragon, paroles qui émeuvent et tissent, entre l’enfant et cette “beste” sauvage qu’est le Moyen Âge, ce fil, oui, de l’oralité.

 

AU TERME de ce propos qui s’est voulu moins une conférence de médiéviste qu’une réflexion de romancier, une réalité, d’elle-même, s’impose. Que sont finalement ces réflexes ludiques conjugués à des penchants esthétiques, hasardeux, informulés, sinon une musette, un panier à goûter, pour cette traversée de ce long, long Moyen Âge ? Car ces mille ans de notre histoire, si entêtants et si fascinants soient-ils, entr’aperçus par l’enfant à l’ombre des forêts ou sur un livre dont il veut être le héros, ces mille ans nécessitent, voire obligent pour le voyage à de plus lourdes et encombrantes pourvéances24. Traversée périlleuse, étapes lointaines, lieux difficiles d’accès, Moyen Âge devenu alors, pour nous aujourd’hui réunis en cette académie, objet d’érudition, d’étude, de divergences parfois. Pour l’enfant et l’adolescent, il n’est qu’aventure, prétexte à travestissements, nigauderies, coloriages... Peut-être prémisse à la quête, pour quelques-uns, qui troqueront en effet la musette pour un bagage plus conséquent. Ceux-là découvrent un ouvrage d’histoire, ramassent une pierre, déchiffrent des spectacles comme ceux que nous offre, par exemple, ce festival. Pour les autres, ceux qui crient « pouce ! » au bord du chemin, soyons bienveillants. Mieux encore : retournons avec eux en ces lieux magiques que sont les forêts, jouons, et profitons de leur mime naïf pour raconter l’histoire de Léopold, ce mal aimé de Richard Cœur de lion. Il s’éteint, Léopold d’Autriche, des suites d’une blessure, blessure contractée lors d’un siège rondement mené, avec force prouesse et vaillance. Mais le siège de quelle forteresse, de quel château, de quelle place forte inexpugnable ? Un château de neige, tout simplement, construits par ses pages et que, par jeu, Léopold d’Autriche voulut conquérir... Séduisante anecdote, presque un fait divers, qui autorise à l’ébahissement et éveille la curiosité. Peut-on trouver plus belle introduction à l’apprentissage du Moyen Âge ? Alors, oui, pendant quelques instants, retournons dans les forêts en compagnie des nigauds de la fresque chevaleresque et racontons-leur l’histoire de Léopold d’Autriche 25 : au cœur de ce mois d’août de l’an 1988, au cœur de cet été où chaque pierre de chaque donjon fascine, où chaque abbaye nous accepte, où le Moyen Âge consent enfin à dispenser ses lumières, ce sera, me semble-t-il, notre plus belle preuve de reconnaissance et de modestie.

 

VOUS, LES CHEVALIERS D’AUJOURD’HUI, LES CONSTRUCTEURS DE DEMAIN... PROTECTION VOUS EST ACCORDÉE.

 

Dominique Mauriès Amboise - 1988

 

Notes:

 

1-  Mythologie grecque, ménades ou Mainades : disciples femelles de Dionysos. Par ext. compagnes.

2- Mélusine est une femme légendaire souvent vue comme fée, et issue des contes populaires et chevaleresques du Moyen Âge.

3- Rfuge, hutte, petite cabane. 

4- Tenu par un serment envers son seigneur, avec des obligations mutuelles.

5- Localité du Tarn, avec une ancienne forteresse du XIIsiècle.

6- Dans la légende arthurienne, chevaliers de la Table ronde.

7. Solitaire, peu fréquentée.

8-  Cortège, escorte.

10-b Personnage de la légende arthurienne, fils du Roi Arthur.

10 Personnage de la légende arthurienne, femme du roi Arthur.

11- Un des châteaux dits “cathares”, situé dans le massif des Corbières, département de l’Aude.

12- Chanson de geste du XIIIsiècle en langue d’oc, qui raconte la croisade albigeoise de 1209 à 1219.

13- Personnalité légendaire du Moyen Âge, issu d’une tradition orale écrite au XIIIsiècle.

14- Influence positive, créatrice d’une personne, d’un groupe, d’une société, etc. 15- Traiter délicatement, de façon mignonne, entourer d’attentions, de soins délicats.

15- Personnages du roman Ivanohé de Walter Scott (1819).

16- Forêts où vivront cachés Tristan et Yseult. 18 Forêt mythique de la légende arthurienne.

17- Scénario et personnages d’un jeu de rôles dans un univers médiéval fantastique. Que dirait Dominique des jeux vidéo d’aujourd’hui !

20- Les deux héros du roman Le Nom de la Rose, d’Umberto Eco (1980-1987).

21- Roger Caillois (1913-1978), écrivain et sociologue, s’est penché sur la théorie de la fête, les figures de l'imaginaire humain, et la structure rationnelle des rêves et de l'imaginaire en général

22- Du grec « élément d’une topique », art de collecter les informations et de faire émerger des arguments. Les « lieux communs », ou vérités de bon sens, sur lesquels repose la pratique de l’argumentation naturelle.

23-Le nombre de bandes dessinées ayant pour thème le Moyen Âge est aujourd’hui impressionnant.

24- De “pourvoir” : fournitures nécessaires.

25 Dominique Mauriès écrira sur ce thème une histoire médiévale, La cavalcade de Bertil Roudière (ou Le semeur de trésors), publiée à titre posthume en 2006.

 

BIBLIOGRAPHIE

BIDON (D.A.) et CLOSSON (M.) : L’enfant à l’ombre des cathédrales, Presses universitaires de Lyon, CNRS, 1985. CAILLOIS (R.) : Préface à l’ouvrage de O. Wirth Le tarot des Imagiers du Moyen Âge, Tchou, 1966. CHAR (R.) : La nuit talismanique, Champs Flammarion, 1977.

DUBY (G.) : Saint Bernard - l’art cistercien, Champs Flammarion, 1979. ECO (U.): Apostille au Nom de la Rose, Le livre de poche, Biblio, 1985. ESCHENBACH (W.v.) : Parzival, Aubier Montaigne, 1977. LE GOFF (J.) : L’imaginaire médiéval, Gallimard, 1985.

MEDIÉVALES : Revue n° 13, automne 1987. MICHELET (J.) : La sorcière, Garnier Flammarion, 1966. PERNOUD (R.) : Pour en finir avec le Moyen Âge, Seuil, 1977 ; Richard Cœur de lion, Fayard, 1988. ! Extraits de : GUILLAUME LE MARÉCHAL, ou le meilleur chevalier du monde, retranscrit par Georges Duby, Folio Histoire, 1984. LE BRÉVIAIRE DU CHEVALIER, Les ateliers de la licorne, 1987.

 

Présentation, corrections et notes de ce document : Dominique Paviot. À l’intention de Zdenka Stepan, Lavelanet, juillet 2014

 

Je remercie Zdenka Stepan pour m'avoir confié ce beau texte. J'ai évoqué dans les billets de ce blog à plusieurs reprises Dominique Mauries. D'autre part j'ai consacré un billet au dernier ouvrage de Dominique Mauries: http://www.lesdiagonalesdutemps.com/article-trois-semaines-obscures-de-dominique-mauries-1950-2003-123532875.html  B.A.

 

DES ÂGES EXPOSÉS EN PROIE, Conférence écrite et donnée par Dominique Mauriès Académie d’été Moyen Âge et Renaissance Château royal d’Amboise 13 août 1988
DES ÂGES EXPOSÉS EN PROIE, Conférence écrite et donnée par Dominique Mauriès Académie d’été Moyen Âge et Renaissance Château royal d’Amboise 13 août 1988

N.I. Maltsev

Louis Denham (Denny) Fouts

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Louis Denham (Denny) Fouts

 


 

Il est toujours amusant, pour moi, en marge de l'Histoire littéraire, de découvrir des êtres qui ne doivent leur survie dans la postérité que par la chance qu'ils ont eu d'inspirer des écrivains. (comment écrit-on muse au masculin?). Et dans le cas de Louis Denham Fouts qui ont surtout eu le talent de partager leur lit. Ce garçon a durant sa courte vie,  vécu essentiellement de ses charmes. Sa particularité, à contrario de la plupart de ses confrères, est qu'il ait embrassé, la trop décriée, profession de gigolo par vocation. Il a été le compagnon d'une série de riches mécènes hommes et femmes. Ses amis, qui l'appelait Denny, furent (entre autres) Christopher Isherwood, Brion Gysin, Glenway Wescott, Truman Capote, George Platt Lynes, Jane et Paul Bowles, Jean et Cyril Connolly, Michael Wishart...

Denny Fouts est né le 9 mai 1914 à Jacksonville, aux États-Unis, et est décédé le 16 décembre 1948 à Rome, en Italie. Il a inspiré plusieurs auteurs, parmi lesquels Truman Capote dans Answered Prayers: « The Unfinished Novel », qui évoque la vie de Fouts, Gore Vidal dans sa nouvelle « Pages from an Abandoned Journal », publiée dans le recueil « A Thirsty Evil: Seven Short Stories », Christopher Isherwood  dans sa nouvelle Paul, publiée dans le recueil « Down There on a Visit »... Isherwood  le décrit comme une figure mythique, et « le plus cher prostitué  a décrit comme une figure mythique, le « le plus cher prostitué mâle du monde ». Il est également l'un des personnages principaux  dans le roman à clef Norman's Letter de Gavin Lambert . Selon différentes sources, il aurait par ailleurs été l'amant de personnalités comme le roi Paul Ier de Grèce, le peintre Michael Wishart ou de Jean Marais. L'écrivain Glenway Wescott, le considérait comme "absolument enchanteur et ridiculement beau". Selon lui il était « mince comme un hiéroglyphe, il avait les cheveux noirs et les yeux marron clair>>. Michael Shelden a fait remarquer que Fouts s'il possédait le charme du « Deep South », ce charme masquait un tempérament instable et parfois méchant. Il y avait bien des rumeurs au sujet de son passé d'un comportement erratique, parfois dangereux.

Glenway Wescott

Glenway Wescott

Fouts a été un gigolo précoce. Il serait issu d'une famille aristocratique du vieux sud. En 1930 alors qu'il aurait travaillé à la boulangerie de son frère à Jacksonville, il a alors seize ans, il aurait tapé dans l'oeil d'un Baron allemand, magnat dans les cosmétiques (qu'est ce qu'un baron allemand richissime foutait dans une boulangerie de Floride!) subjugué par la beauté du jeune garçon, le baron l'aurait embarqué et aurait filé avec lui vers Berlin. Après le Baron, il aurait soulevé un riche armateur grec qu'il aurait volé avec l'aide d'un marin. Les deux compères se seraient rendu à Capri où ils auraient dépensé la petite fortune soutiré au grec. L'argent manquant, Denham aurait été arrêté, mais aurait été sauvé par sa beauté...

Il existe une autre version moins romanesque des débuts de Denny Fouts. Son père ulcéré de ses excentricités l'aurait expédié à Washington vers 1932-33, demandant à son frère, président de la Safeway stores de trouver un job à son neveux dans sa compagnie. Mais au bout de quelques mois on retrouve Fouds à New-York où il déniche une place à la Bourse. Au dire de Jimmy Daniels qui chantait dans un night club de Harlem que fréquentait Denny : << Sa peau donnait toujours l'impression d'avoir été passé à la pierre ponce.>>. A New-York il subjugue Glenway Wescott qui lui aurait donné les recettes pour se faire entretenir. Wescott a un regard un peu différent des autres proies de Denny: << sa beauté était sans attrait à mon point de vue. La seule chose que j'aimais chez lui, c'était l'odeur délicieuse que dégageait son corps; un jour je lui ai chipé l'un de ses mouchoirs.>>. Dans cette version de la vie de Fouts c'est de Manhattan aux alentours de 35-36 qu'il aurait été enlevé par son baron teuton.  

Les deux versions (mais il y en a certainement bien d'autres, Fouts n'étant pas le dernier à enjoliver son existence) se boucle avec l'arrivée d'Evan Morgan (le Seigneur de Tredegar) qui le prend avec lui. Mais bientôt passe le futur roi de Grèce (pour rester dans le gotha, Denny aurait été également l'amant éphémère du shah d'Iran et du prince Paul de Yougoslavie). Après un passage rapide dans la couche royale. On retrouve bientôt notre gigolo de luxe accouplé avec Peter Watson, le millionnaire de la margarine qui est par ailleurs un grand collectionneur d'art moderne et éditeur de la revue Horizon, une revue littéraire dirigé par Cyril Connolly (Quelques années plus tard Lucian Freud fera le portrait de Peter Watson). Watson disait-on ne pouvait se trouver dans la même pièce que Denny sans avoir une érection! Watson renvoie son jeune amant aux États-Unis sous la surveillance de Jean, la femme de Connolly. Elle doit assurer la garde du volage garçon! Mais arrivé, en aout 1940, à Hollywood, Mme Connolly et son ami Tony Bower présentent la jeune salope inspirante à  Christopher Isherwood qui tombe sous le charme de ses traits et l'indolence de sa voix.

Dahl-Wolfe, Louise (1895-1989) W. H. Auden and Christopher Isherwood, Central Park, 1938

Dahl-Wolfe, Louise (1895-1989) W. H. Auden and Christopher Isherwood, Central Park, 1938

Un tel charisme que ne retranscrivent pas les deux malheureuses photos que j'ai pu dénicher du personnage (chers lecteurs si vous en possédez d'autres pensez à moi pour que j'enrichisse ce billet) aurait pu conduire Denny Fouds sur les plateaux de cinéma mais l'ambition de Fouds était de ne rien faire et comme le disait son ami Bill Harris, réussir une carrière de putain... En regardant ces clichés on a beaucoup de mal à comprendre l'irrésistible attrait que provoquait Denny. Mais il est vrai que d'une part la photographie est bien menteuse et que d'autre part l'idéal physique du gigolpince connait une grande variation selon les saisons, ainsi je ne sais plus du tout quelle est la tendance en ce domaine...

Le Gourou d'Isherwood, en pleine transe mystique à l'époque,  Swami Prabhavananda, refuse d'accepter Fouds comme disciple malgré l'intérêt de ce dernier pour le Vedanta... Isherwood invite néanmoins, Fouts à emménager avec lui durant l'été 1941, pour "mener une vie de méditation". Cette période est décrite dans Down there on a visit, où Fouts est figuré par le personnage principal du récit. Durant la guerre, Fouts, est objecteur de conscience. Il a dans cette période complété son diplôme d'études secondaires, puis aurait étudié brièvement la médecine à UCLA. Les relations entre Denham et Isherwood se refroidissement. Le nouvel amant d'Isherwood, le photographe Bill Caskey, n'étant pas un fan de l'illustre prostitué.

photographie d'Harold Halma de Capote sur la jaquette de l'édition originale de Other Voices, Other chambres.

photographie d'Harold Halma de Capote sur la jaquette de l'édition originale de Other Voices, Other chambres.

Dès la fin de la guerre Fouts s'installent en Europe. Alors qu'il est à Paris, il  envoie un chèque en blanc à Truman Capote avec seulement le mot « viens ». Il a écrit ensuite qu'il était tombé amoureux de la photographie d'Harold Halma de Capote sur la jaquette de l'édition originale de Other Voices, Other chambres.  Fouds aurait eu une inclination pour les jeunes garçons et Capote sur ce cliché ressemble à un enfant boudeur chez lequel pointerait la lubricité... Capote a rejeté le chèque, mais il a accepté son offre de lui rendre visite. Ils ont passé quelques heures ensemble dans le petit et sombre appartement de Fouts situé Rue du Bac. Gore Vidal a décrit l'unique pièce de l'antre de Fouts comme n'étant meublée que de six chaises vénitiennes et d'un lit au dessus duquel était suspendu un magnifique tableau de Tchelitchev. D'autres sources décrivent le gite de la rue du Bac comme élégant... Lorsque Truman Capote rencontre Fouts ce dernier, opiomane passait le plus clair de son temps à dormir. Le propriétaire de l'appartement, le Comte Etienne de Beaumont, de plus en plus exaspéré de voir son appartement occupé par un toxicomane finit par expulser Fouts qui se réfugie à Rome avec un nouveau compagnon, appelé Tony Watson-Gandy. Fouts demanda à capote de venir le voir à Rome mais l'écrivain n'en fit rien. A ce sujet Truman Capote s'expliqua quelques années plus tard:

<< J'ai dit à Denny que je lui répondrait à Rome, en fait pour lui dire que je voulais jamais le revoir, parce qu'il m'a fait peur! Cette peur ne venait pas de la drogue qu'il prenait, de l'opium, ni du chaos de sa vie, mais du halo funèbre et d'échec qui planait au-dessus de lui : l'ombre de cet échec semblait en quelque sorte menacer mon propre triomphe imminent. Donc je suis allé en Italie, mais à Venise, pas de Rome, et il a fallu attendre le début de l'hiver, quand j'étais seul une nuit au Harry de Bar, pour que j'apprenne que Denny était mort à Rome quelques jours après la date à laquelle j'étais censé le rejoindre.>>.

Truman Capote a donné une version toute personnelle de la saga Fouts dans « Monstres à l'état pur » texte qui a largement inspiré ce billet... Capote par ailleurs avec son art consommé de la vacherie lapidaire l'a évoqué dans une interview: << Denny, bien avant qu'il ne fît surface dans ma retraite était pour moi une légende familière, un mythe surnommé le garçon le mieux entretenu du monde.>>.

Louis Denham (Denny) Fouts

Fouts mourut en 1948 à la Pensione Foggetti, à Rome, à l'âge de 34 ans d'une hypoplasie de l'aorte et de l'hypertrophie du ventricule gauche ». Parfois les gigolos meurent du coeur... Son corps fut enterré dans la première zone, 11ème rang, du Cimetière Protestant de la ville. Un ami, John Goodwin, a déclaré à Christopher Isherwood que Fouts avait été retrouvé mort dans sa salle de bain. Comme dans un triptyque de Bacon, Louis Denham Fouts serait décédé en fait d'une overdose dans les toilettes de sa chambre d'hôtel...

A en croire ses admirateurs Fouts aurait créé une sorte d'archétype du gigolo pour mâle, qui est depuis devenu un stéréotype littéraire et cinématographique récurrent soit un objet sexuellement irrésistible, doublé d'une figure tragique, peut-être en raison d'abus dans l'enfance (Denny est censée avoir été battu par son père quand celui-ci découvrit son homosexualité), un rebelle incompris idéalisé vivant hors la loi et loin des normes bourgeoises.

Fouts représente en fait la version masculine de la courtisane intemporelle. Dans les Outlaws éminent, ( on peut aller voir le billet que j'ai consacré à cet ouvrage: (http://www.lesdiagonalesdutemps.com/article-anges-batailleurs-ecrivains-gay-en-amerique-de-tennessee-williams-a-armistead-maupin-un-essai-de-c-120771997.html) Christopher Bram clame que toute la littérature inspirée par Denny Fouts a aidé à l'acceptation des jeunes gay et de la culture gay. Une  biographie de Denham les plus beaux garçon dans le monde : The Life and Loves de Denny Fouts, par Arthur Vanderbilt est en préparation et promet de jeter plus de lumière sur cette personnalité intrigante. Tout aussi bienveillant que Bram John Goodwin déclara à la mort de Denny Fouts: << Impossible de dire ce qui pouvait motiver Denny. Tout ce que je sais, c'est l'effet qu'il faisait sur les autres. Il avait un charme extraordinaire et on avait toujours le sentiment qu'il avait beaucoup plus de possibilités qu'il n'en montrait.>>

Gérald Clarke dans sa biographie de Truman Capote en brosse un portrait plein de couleurs:

<< Denny appartenait à cette race de gens dont la seule ambition est d'attirer leurs semblables. Il était sans rival dans cet exercice, n'y consacrant pas plus de réflexion ou de soins que la fleur parfumée n'en apporte à attirer l'abeille qui butine ou le poisson tropical à émerveiller ceux qui admirent sa robe irisée à travers les parois de l'aquarium (…) C'était un personnage si fascinant, à la façon des anges des ténèbres, qu'il avait accédé à une immortalité mineure dans diverses oeuvres de fiction. >>

Comme l'écrit si bien Gérald Clarke: << Oscar Wilde avait écrit sa biographie avant que Denny fût né: Denny était Dorian Gray. 

Louis Denham (Denny) Fouts

une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (5)

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cette peinture moderne à l'antique représentant le travail du potier orne l'escalier du musée
cette peinture moderne à l'antique représentant le travail du potier orne l'escalier du musée

cette peinture moderne à l'antique représentant le travail du potier orne l'escalier du musée

ce vase est de la civilisation minoenne tout comme ceux immédiatement au dessus
ce vase est de la civilisation minoenne tout comme ceux immédiatement au dessus
ce vase est de la civilisation minoenne tout comme ceux immédiatement au dessus

ce vase est de la civilisation minoenne tout comme ceux immédiatement au dessus

une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (5)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (5)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (5)
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une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (5)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (5)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (5)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (5)
Athènes, juin 2014

Athènes, juin 2014

Jakob photographié par Cecilie Harris

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Jakob photographié par Cecilie Harris
Jakob photographié par Cecilie Harris
Jakob photographié par Cecilie Harris
Jakob photographié par Cecilie Harris
Jakob photographié par Cecilie Harris
Jakob photographié par Cecilie Harris
Jakob photographié par Cecilie Harris

Pour retrouver les images de Cecilie Harris sur le blog: Jordan Taylor,  Tom & Jack photographiés par Cecilie Harris , Paddy Mitchell photographié par Cecilie Harris ,  Elliott Stevens photographié par Cecilie Harris,  Luke Worrall photographié par Cecilie Harris,  Paddy Mitchell photographié par Cecilie Harris (2),  Matthew et Will photographiés par Cecilie Harris,  Sim & Tom photographiés par Cecilie Harris,  Paul Paul & Toby photographiés par Cecilie Harris,  boys of a scandinavian paradise par cecilie Harris,  Daniel photographié par Cecilie Harris,  Jake,  Dovydas photographié par Cecilie Harris,  ROMAN KEMP & SAM HARWOOD photographié par Cecilie Harris,  Tom photographié par Cecilie Harris,  Max Wallis & Omar Majiauk photographié par Cecilie Harris,  Ben Waters photographié par Cecilie Harris,  Paul Farley et Toby Binge photographiés par Cecilie Harris,  Jed Texas photographié par Cecilie Harris,  Harry photographié par Cecilie Harris,  Fionn Creber photographié par Cecilie HarrisCecilie Harris photographie Charlie,  Cecilie Harris photographie Alexandre SzmytkoCecilie Harris photographie Tim Schuhmacher,  Cecilie Harris photographie GundarsCecilie Harris photographie Otto,  Cecilie Harris photographie Niclas,  Cecilie Harris photographie Roman Kemp,  Cecilie Harris photographie Alexandre,  Cecilie Harris photographie TeoCecilie Harris photographie Graeme Metz,  Cecilie Harris photographie Youri

Gaudin à la galerie Marie Louise à La Baule

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Galerie Marie Louise, rue Marie Louise comme la Marie Louise des tableaux !

 

la baule 2010 059-1

 

 

 

Autre difficulté ...prendre en photo des sous verres...

 

 

la baule 2010 050

 

 

Il s'appelle GAUDIN

 

 

la baule blog4

 

 

Ses thèmes préférés ...   les scènes de plage, la voile, le golf

 

 

la baule 2010 053

 

 

Très proche de l'illustration, il se dégage aussi beaucoup de poésie de ces aquarelles

 

 

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Rotella, Casablanca

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Un amour à Casablanca 2003
Casablanca I, 2004
Casablanca 2004
Casablanca 2004

Jeunes sportifs aux jeux de l'avenir

John Whorf, “Mudhead” - Charles Hawthorne class in Provincetown, late teens or early 20s.

Yann Faucher

Robert Wilbert, Male Nude with Glasses, 1982

Fleur bleue

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Philippe, La Varenne, 1985

Philippe, La Varenne, 1985

« Toute caresse, toute confiance se survivent » : voilà ce que j’ose espérer, et qu’il me semble avoir jusqu’à présent vérifié. On remarquera que le poète, lui aussi, met la caresse avant la confiance. Mais il ne les dissocie pas. D’heureuses dispositions érotiques et sentimentales (ou que je juge telles parce que ce sont les miennes, admettons de l’envisager) m’ont fait associer, toujours, le plaisir et l’immédiate affection, la reconnaissance peut-être, la tendresse, un amour épars. Je n’ai pas eu besoin d’être amoureux, certes, comme d’aucuns, et surtout des femmes, soutiennent qu’ils doivent l’être, pour éprouver la volupté ; mais elle m’a toujours inspiré, pour peu qu’elle fût partagée dans la douceur, l’amusement et la facilité, des sentiments qui étaient d’amour, oui, et qui le demeurent. C’est dire une fois de plus que m’est totalement étrangère, indifférente ou vaguement rebutante, même si par libéralisme je la respecte chez les autres, à condition qu’ils n’y contraignent personne, toute érotique de la violence, de l’animosité soit-elle jouée, de la douleur infligée ou subie. Je ne comprends rien à tout cela. En ce qui me concerne, foin des coups, des morsures et pincements. Et puisque Eluard ne recule pas devant le mot, je n’en craindrai pas non plus l’obscène fleur bleue : ne me plaisent que les caresses. Elles ont seules le pouvoir de fondre en une jouissance unique, la plus intense, les deux passions jumelles qui me font vivre, celle des garçons, celle des lieux.

Renaud Camus Elégies pour quelques-uns Editions P.O.L, 1988

ROMAIN LE CAM, the lovely boy

Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938), Antillerymen, 1915


Sur l’usage des moustaches chez le chat et chez plusieurs autres animaux

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Clara, juillet 2014

Clara, juillet 2014

M. B. ayant disséqué avec soin sur un gros chat les rameaux de la 5e paire, qui se rendent aux moustaches, remarqua qu’un filet considérable se rendait à chaque bulbe, et que ces filets se perdaient dans l’intérieur de chaque poil. On conserve au musée Huntérien une semblable préparation faite sur le phoque. M. Andral fils, dans un des nos du Journal de physiologie expérimentale, a décrit, il y a déjà quelque temps, les filets nerveux qui se rendent aux moustaches de cet animal. La grosseur de ces nerfs ayant fait penser à M. B. que les moustaches sont des organes destinés à transmettre certaines sensations, il a fait quelques expériences pour vérifier cette supposition. Il rangea des livres sur le parquet, de manière à former des chemins disposés comme les rues d’une ville; puis, ayant bandé les yeux d’un jeune chat, il observa que cet animal se dirigea très-bien en appliquant sa tête sur le parquet, et évita les angles et les murs formés par les livres. On coupa ensuite les moustaches de ce chat, sans qu’il parut souffrir, et alors il fut évident, dit M. B., que l’animal, qui avait toujours les yeux bandés, eut peine à suivre la route formée par les livres; il se heurta à plusieurs reprises contre les livres et aux détours qu’ils formaient. D’après ces faits, M. B. pense que les moustaches servent aux animaux à éviter de se heurter dans l’obscurité contre les divers corps qu’ils peuvent rencontrer. Il n’est pas fort exact de comparer les moustaches du chat,» comme le fait l’auteur, aux bras de la sépia, aux antennes des insectes et des crustacés, ou aux tentacules du limaçon.D. F.

S. D. Broughton, « Sur l’usage des moustaches chez le chat et chez plusieurs autres animaux », Lond. med. and phys. Journ., mai 1823, p. 397, rapporté par le Bulletin général et universel des annonces et des nouvelles scientifiques dédié aux savans de tous les pays, t. 4, 1823.

Robert Hannaford

Dennis Dahlgren

Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014

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Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014
Terry Smith, Motel Series~ Austin in San Diego, California 2014

Vous pouvez retrouver d'autres images de Terry Smith aux adresses suivantes:

http://www.lesdiagonalesdutemps.com/article-jessie-et-sam-une-histoire-d-amour-photographiee-par-terry-smith-121915893.html

http://www.lesdiagonalesdutemps.com/article-terry-smith-119073627.html

http://www.lesdiagonalesdutemps.com/article-america-121922809.html

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

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Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Je ne dois pas être le seul visiteur béotien à avoir connu de Fontana (1899-1968), avant la visite de cette rétrospective, que ses toiles fendues et ses tableaux troués et encore, naguère j'avais eu la révélation, visitant l'exposition vouée au néon dans l' art à La Maison Rouge, que l'artiste avait aussi utilisé ce médium en m'extasiant devant une pièce, qui pour moi était une belle évocation de la voute céleste; je ne savais pas alors que Fontana se réclamait du spatialisme.

Si bien que lorsque l'on fait les premiers pas dans l'exposition, on peut avoir la crainte de s'être trompé d'adresse puisque l'on tombe sur une statue des plus néoclassique, un pêcheur vêtu de son seul trident. Cette sculpture est un projet pour une fontaine. L'impression s'aggrave encore dans la salle suivante où l'on ocsille entre la barbotine chic d'un très joli crocodile kitsch et le futurisme tridimensionnel. On a le sentiment en découvrant par exemple le guerrier que les toiles de Boccioni ont pris du volume. Puis à quelques mètres de là on trouve quelque sculptures du plus pur hiératisme abstrait. On vérifie les cartouches. Ils vous confirment que l'on est bien dans la rétrospective Fontana.

Les oeuvres qui ont fait la notoriété internationale de l'artiste, les fentes, il les a réalisées à plus de soixante ans. Auparavant il avait reçu une solide formation de sculpteur en Argentine où son père était tailleur de pierre. Savoir qu'il a complété à Milan, où il a passé presque toute sa vie et où à ses débuts il s'est principalement tourné vers la céramique.

Les pistes qu'a explorées Fontana durant sa carrière sont multiples, peinture, sculpture, dessin, installation... de même les matériaux qu'il utilise pour s'exprimer sont des plus divers, plâtre, céramique, papier maché, bois, bronze, terre cuite, peinture sur toile ou papier, cuivre, plastique...

Si sa pratique des fentes qui est venu après celle des trous et en découle est originale on peut voir qu'il a subi de nombreuses influences à commencer par celle des futuristes bien sûr, mais aussi celle de la sculpture antique et celle des matiéristes, certaines pièces m'ont évoqué des oeuvres de Tapies.

Comme la rétrospective mon petit reportage suit à peu près l'ordre chronologique dans lequel les oeuvres ont été réalisées. A l'exception de l'oeuvre en néon qui est dans le hall de l'exposition et qui est au début de ce billet.   

 

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
champion olympique 1932

champion olympique 1932

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
jeune femme assise 1934,
jeune femme assise 1934,
jeune femme assise 1934,

jeune femme assise 1934,

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
ci-dessus deux sculptures en céramique très inspirées par le futurisme

ci-dessus deux sculptures en céramique très inspirées par le futurisme

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
concept spatial 1960
concept spatial 1960

concept spatial 1960

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
voici l'oeuvre qui m'a fait penser à Tapies. concept spatial

voici l'oeuvre qui m'a fait penser à Tapies. concept spatial

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
ces curieuses sculptures ont évoqué des oeufs d'Alien à l'ami qui m'accompagnait dans ma visite! Pourquoi pas...
ces curieuses sculptures ont évoqué des oeufs d'Alien à l'ami qui m'accompagnait dans ma visite! Pourquoi pas...

ces curieuses sculptures ont évoqué des oeufs d'Alien à l'ami qui m'accompagnait dans ma visite! Pourquoi pas...

un bel exemple de tagli (fentes). Elles ont été réalisé en grand nombre environ 150 par an.

un bel exemple de tagli (fentes). Elles ont été réalisé en grand nombre environ 150 par an.

concept spatial 1961

concept spatial 1961

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
concept spatial, petit théâtre 1965

concept spatial, petit théâtre 1965

Fontana au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
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