Voici le texte, auquel j'adhère totalement, d'une pétition qui circule sur la toile à propos du dernier mauvais coup porté à France-Culture. Le déclin de cette jadis magnifique station est un marqueur significatif de l'abaissement de la culture et de l'intelligence dans ce pays.
À l'attention : de la Direction de France Culture
Auditeurs de France Culture depuis plusieurs années, nous sommes de plus
en plus consternés par la baisse régulière du niveau de cette chaîne,
qui ne produit
quasiment plus de culture radiophonique ni ne s'attache à recueillir les
témoignages de grands acteurs de la culture du siècle présent ou passé
mais se
borne, au mieux, à faire la promotion de spectacles culturels ou
d'ouvrages littéraires liés à l'actualité, en réduisant l’essentiel de
ses programmes
à de simples entretiens dépourvus d'intérêt autre que conjoncturel.
L'un des derniers artisans de l'âge d'or de France Culture (des années
soixante-dix à la fin des années quatre-vingt-dix), qui n'avait pas peu
contribué
à forger l'esprit vivifiant et créatif de cette époque, vient d'être
"remercié" sans ménagements par la direction de France Culture : il
s'agit d'Alain
Veinstein, encore producteur de l'émission "Du jour au lendemain"
(minuit-minuit trente en semaine), qui en 2009 s'était déjà vu sèchement
signifier la
suppression de sa tranche 22h-minuit, "Surpris par la nuit"
(anciennement "Nuits magnétiques", depuis 1979).
Certes, "Du jour au lendemain" est une émission consacrée à l'actualité
littéraire, mais ce n'est jamais celle des têtes de gondoles, et surtout
la manière
inimitable dont Alain Veinstein conduit ses entretiens — tout en
suggestions feutrées et n'hésitant pas à laisser grande part aux
silences productifs de
l'interlocuteur — en fait un exercice de création de haute voltige à
part entière.
Prenant acte de cette décision unilatérale, justifiée selon la direction
de la chaîne par la nécessité de laisser la place aux jeunes
générations, Alain
Veinstein avait décidé de conduire seul sa dernière émission, dans la
nuit du 4 au 5 juillet 2014.
Las ! Une heure avant la diffusion, un mail du directeur de la station,
Olivier Poivre d'Arvor, a averti le producteur que son enregistrement ne
serait
pas diffusé — et de fait il fut remplacé par la rediffusion d'un numéro
consacré au prix Goncourt 2013, sans aucun égard ni prévention à
l'endroit des
auditeurs déjà prévenus de cette émission testamentaire.
Sans nous faire trop d'illusions sur l'éventuelle réintégration d'Alain
Veinstein dans l'équipe de producteurs de la chaîne, nous réclamons à
tout le moins
la diffusion de cette dernière émission, qui pour l'instant se trouve
accablée, ultime outrage, sous le boisseau d'une chose qui ne porte
qu'un nom : "Censure".
Sèb