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Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)

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Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)
Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)
Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)
Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)
Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)
Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)

J'ai toujours aimé Erro (né à Olafsvik, Islande en 1932) et cela depuis la découverte de ses collages peints, il y a quelque chose comme cinquante ans et je n'étais pas très vieux. J'étais déjà un fou d'image et j'en avais reconnu un autre en la personne d'Erro. Sa démarche depuis un demi siècle est de réaliser des collages sur lesquels se téléscopent une multitude de figures issues des sources les plus diverses. Ensuite l'artiste reproduit ses collages en les peignant sur des toiles de grands formats. En parcourant l'exposition le visiteur repèrera les sources d'Erro. D'abord l'Histoire de la peinture, il est facile de reconnaitre des tableaux de Picasso, Matisse, Pollock, Munch... L'autre grand fleuve qui irrigue l'art d'Erro provient des comics américains. Mais Erro trouve son bonheur aussi dans les revues les plus diverses et dans la bande dessinée franco-belge.

La rétrospective, très importante, se déploie sur trois niveaux. Après une antichambre où sont entassés de nombreux tableaux typiques de la manière du peintre nous découvrons, sur un étage, Erro avant Erro. Toute une série de toiles trés inspirées par d'abord Picabia, puis surtout par Matta avec qui Erro a peint quelques toiles "à quatre mains".

Les dernières images de ce billet montrent les premiers tableaux peint après la découverte des Etats-Unis par Erro. 

Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)
série trans agression, 1958

série trans agression, 1958

school day, 1959

school day, 1959

élément de décor "Erro-ique" pour le film de Eric Duvivier concerto mécanique pour la folie (le court métrage est projeté en boucle sur le mur de cette salle

élément de décor "Erro-ique" pour le film de Eric Duvivier concerto mécanique pour la folie (le court métrage est projeté en boucle sur le mur de cette salle

Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)
Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)

Le tableau ci-dessus, school of New-Pars-Yorkis, fait parti de la série Le monde de l'art. Erro y fustige l'art abstrait qui alors régnait en maitre aussi bien à Paris qu'à New-York. On y voit un brontosaure-Pollock effectuant un dripping. En arrière plan on reconnait une toile d'Hartung et à terre, à coté du dripping, une autre que j'attribuerais à Herbin.

Erro rejoint le groupe de la Figuration narrative (Cueco, Fromanger, Adami, Monory, Télémaque, Aillaud...) au début des années 60. Ce groupe s'élève, parfois avec violence contre l'égémonie de l'abstraction dans ces années là.   

Bureau de propagande Fucky- strike, 1959

Bureau de propagande Fucky- strike, 1959

The death art collector (série le monde de l'art), 1959

The death art collector (série le monde de l'art), 1959

à gauche L'artiste sous contrat et à droite Les experts (série le monde de l'art) 1959

à gauche L'artiste sous contrat et à droite Les experts (série le monde de l'art) 1959

autotransformateur des générations, 1961
autotransformateur des générations, 1961
autotransformateur des générations, 1961

autotransformateur des générations, 1961

Les galapagos, 1961
Les galapagos, 1961

Les galapagos, 1961

Abolition des races, 1960-1961

Abolition des races, 1960-1961

Flux de la Sharpeville asexuée, 1959-1960
Flux de la Sharpeville asexuée, 1959-1960
Flux de la Sharpeville asexuée, 1959-1960

Flux de la Sharpeville asexuée, 1959-1960

sex-trémité, 1962

sex-trémité, 1962

sex-trémité , détail, 1962. J'ai fait ce gros plan sur la toile pour les amis zoophiles du blog, scandaleusement peu sollicités dans leur libido en parcourant mes pages...

sex-trémité , détail, 1962. J'ai fait ce gros plan sur la toile pour les amis zoophiles du blog, scandaleusement peu sollicités dans leur libido en parcourant mes pages...

The big fox, 1964, série retour des USA

The big fox, 1964, série retour des USA

Foodscape, 1964
Foodscape, 1964

Foodscape, 1964

Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (1)
Stalingrad, 1964, série retour des USA

Stalingrad, 1964, série retour des USA


Que la jeunesse... (148)

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Rupert, Idaho. Schoolboys swimming in 1942.

Rupert, Idaho. Schoolboys swimming in 1942.

San Augustine, Texas. A school boy

San Augustine, Texas. A school boy

Swimming pool created by CCC (Civilian Conservation Corps) dam, Huntingdon, Pennsylvania

CCC (Civilian Conservation Corps) boys at work, Prince George’s County, Maryland

A close up view of boys sitting in the front row of seating at the circus. A very good view of children’s clothing in 1938.

A close up view of boys sitting in the front row of seating at the circus. A very good view of children’s clothing in 1938.

Swimming hole, Pine Grove Mills, Pennsylvania

Swimming hole, Pine Grove Mills, Pennsylvania

Two Minnesota Boy Scouts and their Scout Leader preparing to board a train.

Two Minnesota Boy Scouts and their Scout Leader preparing to board a train.

Four Minnesota boy scouts receiving awards.

Four Minnesota boy scouts receiving awards.

St. Croix Boy Scout Camp near Hudson, Minnesota

St. Croix Boy Scout Camp near Hudson, Minnesota

St. Croix Boy Scout Camp near Hudson.

St. Croix Boy Scout Camp near Hudson.

On bunk reading, Square Lake Boy Scout Camp.

On bunk reading, Square Lake Boy Scout Camp.

 

Swimming at Boy Scout Camp near Florence, Alabama in 1942.

Swimming at Boy Scout Camp near Florence, Alabama in 1942.

Swimming lecture at Boy Scout Camp near Florence, Alabama in 1942.

Lititz, Pennsylvania: Raymond Runk, accountant at the Animal Trap Company and fire captain, giving a lecture on German bombs to Boy Scouts who are learning to be messengers. In emergencies, their duty would be to report fire bombs to the proper people.

Lititz, Pennsylvania: Raymond Runk, accountant at the Animal Trap Company and fire captain, giving a lecture on German bombs to Boy Scouts who are learning to be messengers. In emergencies, their duty would be to report fire bombs to the proper people.

 
Boy scouts inspecting and learning about Army equipment in Commerce Square, Washington, D.C.

Boy scouts inspecting and learning about Army equipment in Commerce Square, Washington, D.C.

 
Florence, Alabama Boy Scout Camp in 1942

Florence, Alabama Boy Scout Camp in 1942

 
Florence, Alabama Boy Scout Camp in 1942: Swimming Class

Florence, Alabama Boy Scout Camp in 1942: Swimming Class

 
Florence, Alabama Boy Scout Camp in 1942: Swimming Class

Florence, Alabama Boy Scout Camp in 1942: Swimming Class

Florence, Alabama Boy Scout Camp in 1942: Swimming Class

Florence, Alabama Boy Scout Camp in 1942: Swimming Class

 

D'autres billets de ce type: que la jeunesse était belle en noir et blanc (49),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (47), que la jeunesse était belle en noir et blanc (46),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (45),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (44),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (43),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (42),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (41),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (40),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (39),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (38),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (37),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (36),  que la jeunesse était belle en noir et blanc (35),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (34),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (29),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (34)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (33),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (32),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (31),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (30),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (29),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (28),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (52),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (53),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (54),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (56)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (57),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (58),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (59),  que la jeunesse était belle en noir et blanc (60),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (61),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (62),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (63),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (64),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (65),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (66)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (67),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (68),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (69),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (70,  que la jeunesse était belle en noir et blanc (71),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (72),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (73),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (74)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (75),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (76),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (77),  que la jeunesse était belle en noir et blanc (78),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (79),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (80),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (81),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (82),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (83),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (84),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (85)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (86),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (87),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (88),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (89)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (90)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (91),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (92),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (93),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (94),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (95),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (96),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (97),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (98),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (99),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (100),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (101),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (102),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (103)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (104),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (105),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (106),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (107),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (108)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (109),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (110),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (111)Que la jeunesse était belle en noir et blanc (112),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (113),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (114),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (115),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (116),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (117),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (118),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (119),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (120),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (121),  Que la jeunesse était belle en noir et blanc (122)

 

Gio Black Peter

L'absent de Nicolas Daguerman

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L'absent de Nicolas Daguerman

Sous un titre abscons et pour tout dire assez mauvais se cache un essais intéressant ne serait-ce que par sa seule existence, incongrue en ces temps. Il tente de répondre à une question que bien des lecteurs de ce blog doivent se poser: Comment en est-on arrivé à l'interdiction par la censure (la censure est une hydre au multiple têtes mais dont heureusement les yeux sont myopes) de la représentation de l'adolescent. Cette funeste particularité de notre société est illustrée sur le quatrième de couverture (prudent) par cette constatation: << France, 1978: « La petite » de Louis Malle sort à l'écran. Le film devenu un classique, dévoile à plusieurs reprises une Brooke Shield en tenue d'Eve. Londres, 2009: une photographie représentant brooke Shields, au même âge et toujours dans la même tenue, est précipitamment retirée de l'exposition Pop Life du Tate Modern Museum et le catalogue pilonné, sur l'intervention de l'Obscene Publicaton Unit of Metropolitan Police Service. >>. Ce qui ne manque pas de sel est que l'auteur, ou l'éditeur, a choisi un exemple féminin alors qu'il n'est question dans tout l'essais que de l'interdiction de la représentation du corps du garçon, interdiction beaucoup plus drastique encore que pour celui des filles... La couverture n'est pas en reste, car le choix s'est porté sur une photo d'Evgeny Mokhorev, ce qui n'est pas une mauvaise pioche mais qui semble bien avoir pour modèle une fille, bien que l'ambiguité sexuelle du modèle puisse faire douter...

Mokhorev

Mokhorev

Nicolas Daguerman dés les premières pages constate le changement de tabou dont il est témoin:

<< … Les scènes d'horreur seront finalement jugées plus saines , plus épanouissantes et moins prégnantes que la vision d'une adolescence en culotte courte ou sans culotte, vision dont l'esthétique avait pourtant hanté l'art, des anciens et des modernes, de l'Europe à l'Asie, mais dans laquelle la modernité s'acharne à voir un crime passible de lourdes peines.>>.

Cher lecteur vous pouvez constater combien chaque jour, ou presque ce blog fait preuve de résistance...

Trêve d'autosatisfaction, pour rappeler que dans l'immédiat après guerre on exigeait dans les bandes dessinées destinées à la jeunesse qu'aucune arme y soit représentée. Nombre de dessinateurs ont du ainsi gouacher de blanc par exemple le révolver que tenait leur héros, rendant ainsi leur récit incompréhensible. Dans le même temps les oeuvres de Joubert peuplée de cuisses fuselées de garçons illustraient les romans du « Signe de piste » édités par la très catholique maison Alsatia... Une censure absurde a été remplacée par une autre tout aussi absurde.

L'absent de Nicolas Daguerman

En quelque mots: Que c'est il passé entre les années 70 pour que l'image d'une fille nue de 12, 13 ans soit devenue un objet de scandale (cela aurait sans doute été pire si cela avait été un garçon).

J'ai pour ma part quelques éléments de réponse que je vais énoncer dans un ordre qui ne reflète pas leur degré d'importance (que je serais d'ailleurs bien en mal de définir, celui-ci changeant avec les années et les contrées.). Tout d'abord la sacralisation de l'enfant (terme vague dont il faudrait définir les frontières. Quand s'arrête l'enfance aujourd'hui?). Cette sacralisation me paraît principalement venir de ce que les parents n'ayant plus d'espoir pour eux mêmes dans une société en crise, les reportent sur leurs progénitures qu'ils idéalisent. L'enfant n'est plus un être réel mais une icône sanctifiée, désincarnée et bien sûr désexualisée. Sur cette dé-sexualisation, l'auteur prend judicieusement pour exemple la réaction tardive au film « Mon copain Rachid »* (malheureusement il ajoute un commentaire fort oiseux sur la qualité du film de Barassat): << On assiste dans ce film à un commerce sexuel entre mineurs: n'est-ce pas précisément (plutôt qu'une pédophilie finalement introuvable ce qui dérange tant le contemporain? Ce film n'a pas 15 ans qu'il est déjà insoutenable à nos yeux, probablement parce que l'évocation directe (c'est à dire en acte) de l'enfant est elle même devenu impossible, en ce qu'elle révélerait l'existence d'un désir-miroir dans lequel se mire la pédophilie>>. A propos de désir miroir c'est tout de même un miroir déformant car il s'agit d'un petit blondinet qui est en extase devant un jeune maghrébin un peu plus âgé que lui...  

Mon copain Rachid

Mon copain Rachid

Il me semble que l'exemple est un peu hors sujet. Le plus jeune des garçons dans le film de Barassat est un enfant, pourtant il existe des films, même si le sujet du désir pour un adolescent n'est pas rebattu, plus significatifs que « Mon copain Rachid », je citerais Eban & Charley, Pour un soldat perdu, Les amis, Chacun sa nuit, Elève libre...

Revenons un instant sur l'âge des sujets. On assiste actuellement sur une confusion entre pédophilie et éphébophilie, ce qui est très bien dénoncée dans le livre. Le pédophile est la femme ou l'homme attiré par les filles et/ou les garçons impubères. Les éphébophiles sont les femmes et les hommes attirés par les adolescents. Cette confusion est générée par l'infantilisation générale de la société. Tout est fait pour faire perdurer chez les jeunes l'état d'enfance et donc d'irresponsabilité. J'ajouterai que cette confusion n'est qu'une parmi d'autre dans un monde où les mots ont perdu leur sens.

Cette pudibonderie, ce rejet du corps, cette peur de la sexualité vient également de l'association sexe-mort causée par l'épidémie de Sida. Il ne faut pas oublier que les enfants d'aujourd'hui ont été engendrés sous cette menace. Refuser toutes sexualités à l'enfant à l'adolescent et même jusqu'au jeune adulte vient partiellement d'une peur de la contamination par le V.I.H. Cette maladie, malgré les progrès thérapeutiques, est encore dans l'inconscient populaire synonyme de mort. Le plaisir engendre la mort. Voilà le mot d'ordre caché, en premier lieu à eux même, que voulaient promouvoir de nombreux manifestants contre le mariage pour tous, ce dernier n'étant qu'un prétexte pour la nouvelle grande peur des bienpensants.

L'absent de Nicolas Daguerman

La grande qualité de la réflexion Nicolas Daguerman est de replacer l'interdit iconographique de l'adolescent dans le long temps de l'Histoire. Intérêt majeur à notre époque ou toute pensée semble annihilée par le fait que chaque individu, submergé d'informations, est incapable de s'extraire du présent, et par là, à la naïveté de croire que les postures dans le dit présent sont éternelles. Malheureusement l'auteur cède aussi à la mode décliniste qui voudrait que notre époque soit le pire de toutes. Il faut toujours rappeler qu'il est toujours plus aisé de faire la nomenclature de ce qui ne va pas plutôt que ce qui va. L'essayiste fait remonter ce tabou au mariage du christianisme et du pouvoir, lors de la conversion de Constantin, et en particulier à cette injonction: Croissez et multipliez-vous. Pour ma part je pense que la crise mondiale dont la nouvelle iconoclastie, dont traite cet essai, n'est qu'un des minuscules symptômes du résultat de ce funeste ordre soi-disant divin qui a entrainé la justification de la prolifération inconsidérée de notre espèce et dont a résulté la diminution de l'espace vitale de chacun. Pour y remédier je ne vois deux solutions radicales mais qui semblent in-envisageable (mais l'histoire est grosse de bien des surprises, comme dit l'autre): L'extermination d'une partie des terriens ou l'exode d'une grande proportion des humains vers une autre planète habitable. Il y a peut être une autre possibilité, c'est la transformation en profondeur de l'homme dans son être même.

Moins concluante est l'idée que suggère l'auteur que l'interdiction actuelle de la représentation de la nudité de l'adolescent viendrait de la peur qu'aurait les vieux mâles au pouvoir de voir exposer la magnificence des formes de ceux qu'ils relèguent loin des centres décisionnels. Voyant dans cette beauté étalée un danger pour leurs positions dominantes. Y aurait-il du Konrad Lorentz la-dessous?

aquarelle de René Sherer

aquarelle de René Sherer

Ce sont également les pédérastes eux-même qui sont responsables de la lapidation dont ils sont les victimes, pour avoir diffuser ou laisser diffuser des élucubrations pendant des années sur l'éducation et l'éveil des jeunes personnes. Que l'on se souvienne par exemple de la revue Possible qui avait une belle main et était joliment illustrée, notamment par les photos de l'association « L'école en bateau » qui éditait également un bulletin dans le même genre. On trouvait ces publications dans de nombreuses officines parisiennes (et sans doute ailleurs) comme « La librairie alternative », « Maspero » ou encore « Les mots à la bouche ». "Possible" au titre évocateur prônait l'idée que les relations sexuelles entre enfants et adultes étaient libératrices pour l'enfant (de quoi, de qui ?). Entre les lignes on pouvait comprendre qu'être enculé rendait intelligent, cela doit certainement élargir quelque chose mais je doute que ce soit l'esprit (je suis trivial à dessein pour bien montrer la connerie de ce genre de billevesées, énoncées par de doctes philosophes tel René Sherer ou Lapassade. Si ces étonnants penseurs avait eu raison, on aurait vu les prix Nobel trustés par les gigolos et les péripatéticiennes. Il me semble qu'une relation intime, de quelle nature qu'elle soit, est par essence aliénatrice; c'est d'ailleurs ce qui en fait sa force et sa beauté.

Aujourd'hui de telles relations sont décrites quelle que soit leur véritable nature comme le summum de l'horreur et de la dépravation, celui qui s'y livre ne pouvant être qu'un "prédateur". Il n'y a qu'une quarantaines d'années, dans les mêmes pays, qui séparent ces deux attitudes, à mon sens à peu près aussi ineptes l'une que l'autre. L'individu doit donc par la force des choses s'adapter...

Il y a bien des raisons pour lesquelles, peut-être comme jamais, les relations pédérastiques sont vouées aux gémonies, l'une d'elle qui façonne tout notre aujourd'hui est l'acculturation du peuple. De tout temps et encore de nos jours, le pédéraste a mis en vitrine le modèle (souvent plus fantasmé qu'historique) de la relation pédérastique dans la Grèce antique. L'éraste, l'ainé, apportant les lumières de son expérience (dans tous les domaines) à l'éromène, le garçon plus jeune. Petite incise, il est intéressant de constater que << La copulation homosexuelle par l'anus, à la différence de la copulation intercrurale est représentée par les peintres de vases uniquement quand elle met en jeu des gens de même classe d'âge;>> (Homosexualité grecque de K.J. Dover, La pensée sauvage, 1982). Cet alibi culturel donnait un lustre à ce type de relation même si dans la réalité tous les couples ainsi formés étaient loin de pouvoir être assimilés à celui de Socrate et d'Alcibiade. Mais dans notre société actuelle cette posture de l'ainé  jouant les pigmalions, ce qui n'est pas toujours un leurre, que l'on pense à la relation Gide-Marc Allégret, ne peux plus être comprise puisque quasiment plus personne apprend le grec ancien et que la référence au modèle antique faute d'instruction ne peut plus être entendue. Est-il besoin de le rappeler, que l'on assiste comme jamais au divorce entre culture et pouvoir.

L'absent de Nicolas Daguerman

L'auteur note utilement des évidences que l'on a trop tendance à oublier comme le fait que << l'adolescence reste une construction sociale du monde moderne, a contrario de la puberté qui constitue un état naturel alors même que les deux se produisent concomitamment.>>. Le terme même d'adolescent aurait été forgé au milieu du XIX ème siècle. Néanmoins dans l'empire romain, pour les patriciens, il y avait un statut pour le garçon qui n'était pas si loin de ce que l'on considère aujourd'hui comme l'adolescence. Autre truisme rappelé, pourtant semble-t-il ignoré, que l'homosexuel comme l'hétérosexuel commence par être pédophile dans le sens qu'il y a de grande chance qu'il connaisse ses premiers émois amoureux avant la puberté et que l'élue ou l'élu de son coeur ait le même âge que lui...

En revanche je ne le suivrait pas lorsqu'il assène qu' << aucune jeunesse n'a probablement été autant que la notre contrainte dans l'espace et le temps. >> (sous entendu par la société). Il fait fi là de cette mise en perspective dans le temps et l'espace qui est parfois la force de son ouvrage. Pour ne prendre qu'un exemple, il y en aurait bien d'autres, la jeunesse urbaine à la fin du XIX ème siècle, mise au travail pour sa très grande majorité dès 13 ans, était autrement plus contrainte que celle d'aujourd'hui. Une telle affirmation est d'autant plus paradoxale que l'on trouve plus loin une analyse de la condition des travailleurs strictement marxiste. Le chapitre ne s'appelle-t-il pas : La lutte des classes. Ce qui n'empêche pas quelques lignes après de nous resservir la veille antienne gauchiste de la libération de la jeunesse par le sexe. Daguerman chausse les lunettes de feu Duvert, qu'il lit d'ailleurs bien, ne le réduisant pas au chantre de la pédophilie, qu'il est aussi, en montrant bien la veine anticapitaliste de l'écrivain. On n'est pas obligé de prendre de tels verres pour s'apercevoir de la beauté adolescente. Et d'ailleurs un esclave ne peut-il pas être désirable? Probablement pas pour Daguerman travaillé par la mauvaise conscience de classe.

Dans une autre partie de son ouvrage notre essayiste cette fois accuse la famille moderne d'être carcérale (mais comme je l'ai écrit plus haut toute relation sociale empiète sur la liberté. Le misanthrope est libre mais seul et malheureux). Daguerman écrit : <<Jamais le père n'aura autant fait peser sur le fils son pouvoir.>>. Comme je pense qu'il est toujours bon de prendre ses exemples dans la littérature, modèle et miroir des sociétés, je conseillerais à notre essayiste de relire « Les Thibault » ou « Les faux monnayeurs » pour redécouvrir ce que pouvait être l'emprise d'un père sur un fils. Ce patriarcat était grosse de révoltes et c'est plutôt l'absence du père de nos jours qui engendre l'atonie des fils.

Si je suis d'accord avec le propos qui accuse la crise d'être responsable du fait que les jeunes soient obligés de vivre jusqu'à un âge avancé chez leurs parents, faute d'avoir assez d'argent pour habiter dans leur propre logis, fait qui entraine inévitablement une restriction de liberté pour le fils et par la même de liberté sexuelle. Mais à mon sens ce n'est qu'une partie de la vérité. Il existe un véritable syndrome Tanguy (ce n'est pas que du cinéma). J'ai pu constater, jusque dans mon entourage propre, que de jeunes adultes refusaient de quitter le cocon familiale non par manque de moyen mais passivité. Nous avons à faire à des berniques sociaux incapables de quitter le rocher qui les a vu naitre. Cela induit un manque d'appétit sexuel patent. Je ne dis pas que cette attitude représente la majorité des jeunes d'aujourd'hui mais ce phénomène existe. Il est engendré par deux causes d'une part la dépendance aux jeux vidéos qui a installé dans leur esprit que le virtuel était préférable au réel et d'autre part à un phénomène de mode. Dans la période immédiatement pré-sida, pour parler cru, il était tendance de baiser, de nos jours c'est tout l'inverse l'abstinence est souvent valorisée. On trouve dans « L'absent » un éclairant catalogue des lieux et groupes où celle-ci est prônée.

L'absent de Nicolas Daguerman

J'ai commencé par écrire que ce titre, « L'absent » n'est pas très bon mais il est surtout totalement faux. Sur les réseaux sociaux les photographies d'adolescents (parfois nus ou tout du moins très peu habillés) pullulent. Simplement ce ne sont pas les mêmes que celles d'hier. On y trouve principalement des selfies. La grande nouveauté réside dans le fait que ce n'est plus un adulte qui photographie les corps adolescents pour ensuite les iconiser (il reste tout de même heureusement ce gros dégueulasse de Larry Clark, cité qu'incidemment dans l'ouvrage) mais des adolescents qui se photographient eux mêmes, du narcissisme numérique ou/et de la masturbation photographique...

Avec cet oubli de la présence massive de l'image adolescente sur les réseaux sociaux, j'ai l'intuition que notre essayiste n'est pas un tout jeune homme. Une autre affirmation me confirme cette impression, quand il écrit que l'image du garçon a disparu du Japon depuis le début de l'ère Meiji! Que fait-il des mangas dont nombreux sont homo-érotiques sans même parler du yaoi, qui narre exclusivement des histoires de garçons aimant les garçons, certes destinées au filles et principalement dessinées par des femmes. Sans doute qu'il n'a jamais mis les pieds ni au Japon ni en Corée du sud sinon il ne pourrait que constater aussi la forte présence des images des stars adolescentes de la pop-musique locale dans ces deux pays.

L'absent de Nicolas Daguerman

Dans le même registre dés le début des années 90 on a pu constater le rajeunissement spectaculaire des mannequins hommes souvent âgé de moins de vingt ans. La firme Calvin Klein a été le fer de lance de ce changement. Elle a d'ailleurs sous la pression des ligues de vertus américaines été contrainte d'effectuer un sérieux rétro pédalage; mais le pli était pris.

Il ne faudrait pas non plus oublier que depuis 30 ans, cela semble vers 1985 que notre auteur situe le grand basculement iconographique, que la population française (pour ne parler que d'elle) a considérablement changé. L'arrivée sur le territoire européen de musulmans de plus en plus nombreux qui sont par essence iconoclastes, sans oublier que leur approche de la pudeur est très différente de celle des l'occidentaux, n'a pas été sans avoir de conséquences sur la façon qu'à la société de voir le corps de l'adolescent. Cette pernicieuse invasion a également changé insidieusement le rapport de l'adolescent avec son corps. En outre cette émigration peu désirée a eu pour conséquence la crispation des autres religions sur leur ligne la plus archaïque en particulier en matière de sexualité.

Autre phénomène moins prégnant mais qui n'est pas négligeable l'abandon de plus en plus manifeste du beau dans le milieu de l'art contemporain, cela a une influence sur la perception visuelle que l'on a du monde. Le lisse, le frais est devenu suspect.

Bisky

Bisky

Le texte est divisé en quatre parties. Les deux premieres tentent de placer la disparition de l'image de l'adolescent dans l'Histoire récente alors que les deux dernieres sont tournées vers le futur.

L'avant derniere, intitulée réhabilitation voit matière à espérer en la présence de la figure de l'adolescent dans l'oeuvre de trois artistes: Chen Wenling, A.E.S . et Evgeny Mokhorev. Là encore le choix surprend pourquoi n'avoir pas mis en exergue Sacrevoir, Paul P., Bisky ou Hernan Bas (ou d'autres, ils ne sont pas les seuls). Les deux derniers ayant une place beaucoup plus visible et importante dans l'art contemporain que les créateurs choisis par l'essayiste?

En guise de conclusion l'auteur adresse une prière pour que ne soit plus chassé de la production artistique l'image de l'adolescent ce qui est louable, souhaitable et bien vu car contrairement à ce que pense Daguerman, il n'y a guère que là qu'elle a disparu.

Bien que tournant un peu en boucle ce court essai d'une écriture fluide se lit agréablement. Outre le texte, le volume comprend un cahier central de photographies et une bibliographie. Si le choix des images est satisfaisant tout en étant un peu hors sujet par rapport au texte, on y trouve tout de même des oeuvres de Konrad Helbig, de AES+F, Mokhrev, en revanche la bibliographie est d'une pauvreté affligeante. On y cherchera en vain Foucault, Eribon ou Barthes; Shérer cité plus haut, très discutable mais incontournable sur le sujet est également absent de même que Matzneff et ses "Moins de seize ans". Si on exepte Mokhorev et Mc Bride aucun autre photographe est cité. Quant aux romanciers on ne trouve que Moravia car Duvert, Peyrefitte et Gide ne le sont pas pour leurs romans. Maurice Pons, Roger Martin du Gard, Sartre (pour l'enfance d'un chef), Edmund White et bien d'autres ne doivent pas figurer dans la bibliothèque de l'auteur pas plus que les nombreux historiens qui se sont penchés sur la pédérastie dans l'antiquité...

Cet essai est intéressant par le seul fait d'exister. Il pointe bien l'hystérie collective et internationale à l'encontre de l'image de l'adolescent malheureusement la réflexion de l'auteur est entachée trop par la nostalgie d'une époque qui était peut être celle de sa jeunesse... Surtout il confond ce qui n'est qu'un symptôme de la fin d'un monde avec un fait majeur de société obnubilé par ce qui est sans doute un problème majeur pour lui.

 

Nota

* Ce film est visible sur la toile à cette adresse: http://www.dailymotion.com/fr?ff=1&urlback=%2Fvideo%2Fx1zdqy_mon-copain-rachid_fun     

Le grand poète et écrivain Claude Michel Cluny est mort dimanche à Paris à l’âge de 84 ans.

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Le grand poète et écrivain Claude Michel Cluny est mort dimanche à Paris à l’âge de 84 ans.

Le grand poète et écrivain Claude Michel Cluny, auteur d’une œuvre foisonnante plusieurs fois récompensée par des prix prestigieux, est mort dimanche à Paris à l’âge de 84 ans.

Né le 2 juillet 1930 à Charleville (Ardennes), Claude Michel Cluny fut aussi critique littéraire et critique de cinéma, nouvelliste et romancier. Aux éditions de La Différence, il avait également dirigé à partir de 1988 la collection de poésie "Orphée".

En 1961, Claude Michel Cluny, qui vient de publier ses premiers poèmes ainsi que des notes critiques dans La Nouvelle Revue française, publie chez Denoël son premier roman, "La Balle au bond", qui sera suivi, en 1965, par son premier recueil de poèmes, "Désordres", accueilli par Georges Lambrichs dans la collection "Le Chemin".

Il collabore alors aux Lettres françaises, à La Quinzaine littéraire dès sa fondation par Maurice Nadeau en 1965, et, à partir de mai 1967, tient la critique de cinéma dans La Nouvelle Revue française. Il sera ensuite critique cinématographique au Nouvel Observateur de 1971 à 1973, critique littéraire au Quotidien de Paris de 1979 à 1986, ainsi qu’à L’Express de 1981 à 1996.

Dans les années 1990-2000, Claude Michel Cluny assure la chronique de littérature étrangère du Figaro littéraire. Il rédige également de nombreux articles au Magazine littéraire, jusqu’en 2003.

Pratiquant les mystifications littéraires, il a aussi écrit sous le pseudonyme d’Antonio Brocardo, ainsi que sous celui d’Harmodios de Cyrène, auquel il attribue une suite de fragments intitulés "Feuilles d’ombre" (La Différence, 1987). Il est notamment l’auteur de "Hérodote Éros", "Les Dieux parlent" et "Inscriptions", réunis dans le recueil "À l’ombre du feu", en 2001.

En 1986, Claude Michel Cluny a été couronné par le Prix Guillaume Apollinaire pour "Asymétries" avant de recevoir le Grand prix de l’Académie française poésie, en 1989, et le prix européen Léopold Sédar Senghor, en 2012, pour l’ensemble de son oeuvre poétique.

Le prix Renaudot de l’essai lui avait été attribué en 2002 pour "Le Silence du temps", premier tome de son journal. La guerre avait marqué son enfance en région parisienne, lui inspirant un récit autobiographique, "Sous le signe de Mars" (La Différence, 2002). Il avait fait plusieurs fois le tour du monde et son oeuvre témoigne de cette importance du voyage dans sa vie.

article repris du Dauphiné

Michel Gourlier, 2 et 2 font... 5

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Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (2)

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Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (2)
Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (2)
Erro au Musée d'art contemporain de Lyon (2)
The background of Pollock, 1966-1967, immédiatement ci-dessus L'expressionnisme à travers la première guerre mondiale, 1967
The background of Pollock, 1966-1967, immédiatement ci-dessus L'expressionnisme à travers la première guerre mondiale, 1967

The background of Pollock, 1966-1967, immédiatement ci-dessus L'expressionnisme à travers la première guerre mondiale, 1967

L'expressionnisme à travers la première guerre mondiale, 1967 (détail) très étonnant ce combat naval dont les fumées se transforme en un tableau de Van Gogh

L'expressionnisme à travers la première guerre mondiale, 1967 (détail) très étonnant ce combat naval dont les fumées se transforme en un tableau de Van Gogh

Les grands fauves, hommage à Louis Vauxcelles (détail), 1966-1967

Les grands fauves, hommage à Louis Vauxcelles (détail), 1966-1967

série les monstres, 1968

série les monstres, 1968

Maiakovski, 1965

Maiakovski, 1965

Somerset Maugham, 1974

Somerset Maugham, 1974

Somerset Maugham, 1974 (détail)

Somerset Maugham, 1974 (détail)

immédiatement ci-dessus Wagner, 1974 et Le général Ky, 1974
immédiatement ci-dessus Wagner, 1974 et Le général Ky, 1974

immédiatement ci-dessus Wagner, 1974 et Le général Ky, 1974

série Lettres d'amour japonaises, 1974, Okamoto Knoko, 1979

série Lettres d'amour japonaises, 1974, Okamoto Knoko, 1979

série Lettres d'amour japonaises, 1979

série Lettres d'amour japonaises, 1979

série Love built on beauty, 1989

série Love built on beauty, 1989

série chinese painting, 1974

série chinese painting, 1974

american interior, 1968

american interior, 1968

série chinese painting, 1974

série chinese painting, 1974

série chinese painting, 1974, coup de vent

série chinese painting, 1974, coup de vent

Clara est Charlie

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Clara est Charlie
Clara est Charlie
mais pour cela il a fallu être patient, 7h 30 place de la Bastille (Paris, 15 janvier 2015)

mais pour cela il a fallu être patient, 7h 30 place de la Bastille (Paris, 15 janvier 2015)


Gio Black Peter

Pierre Le Tan vu par Denis Cosnard (réédition complétée)

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Pierre Le Tan vu par Denis Cosnard (réédition complétée)

Pierre Le Tan | Pierre Le-Tan | Le coquillage

 

Ci-dessous un texte de Denis Cosnard (dont je conseille vivement l'excellent livre sur l'oeuvre de Patrick Modiano: Dans la peau de Patrick Modiano) présente d'une façon très complète Pierre Le Tan dont j'attend depuis des années un beau livre présentant toute son oeuvre ou du moins la plus grande partie.

Pierre Le-Tan ? Son nom ne vous dit sans doute rien, mais vous connaissez ses dessins. De fins traits noirs, des ombres hachurées, le tout rehaussé d'un peu d'aquarelle. Il a dessiné les couvertures de plus de cent livres en France et aux États-Unis. Illustré des publicités pour les Galeries Lafayette, Suez, Gucci, Lanvin et même la Jouvence de l’Abbé Soury. Il a aussi imaginé les drôles de décors de Quadrille, le film de Valérie Lemercier. À cela s'ajoutent des tableaux, des affiches de cinéma, deux livres conçus avec Patrick Modiano et une quinzaine d'ouvrages signés de son seul nom, texte et images. De vrais bijoux, étincelants de finesse et d'ironie.

  Le Musée national d'Art moderne de Madrid lui a consacré une grande rétrospective il y a deux ans. Mais rien de tel en France où Pierre Le-Tan reste dans l'ombre. Au point que, flairant la supercherie littéraire, certains ont cru qu'il s'agissait d'une invention de Modiano, comme Ajar avec Gary ! D'autres ont pensé avoir affaire à un vieillard. Comment imaginer qu'un homme de moins de 80 ans consacre son temps à tracer des portraits de Gide, Colette, du couturier Jacques Fath, de l'ex-empereur Bao-Daï et autres figures parfois bien oubliées ? La rumeur l'a aussi donné pour homosexuel, vu le nombre de jeunes marins, de gigolos et d'amateurs du sexe fort que l'on trouve au fil de ses dessins. 

 


Rien de tout cela, pourtant. Ce matin-là, quand on sonne à la porte de son appartement parisien, en face du Palais-Bourbon, c'est son dernier fils, Édouard, 3 ans, qui ouvre. Crayon en main. Le-Tan arrive dans la foulée, finissant de boutonner une chemise rayée rose, sur un pantalon de la même couleur. Il a 56 ans, les cheveux poivre et sel. Jeune père, jeune grand-père aussi. " J'ai changé de vie il y a quatre ans, déménagé, et je travaille moins ", nuance-t-il. Mais tout de même. Un ou deux livres en gestation. Des meubles peints et des décors à inventer pour quelques particuliers fortunés. Dans l'ancien pied-à-terre de Jean Cocteau au Palais-Royal, il a récemment habillé l'escalier d'un vaste trompe-l'oeil, avec de faux tableaux représentant les amis du poète : Colette, le décorateur de théâtre Christian " Bébé " Bérard, Jean Desbordes... Des traits d'une élégante sécheresse, nimbée de nostalgie." Notre époque d'ordinateurs et de téléphones portables est quelque chose qui m'est totalement étranger, dit-il. Avec l'âge, je suis de plus en plus mélancolique. Comment exprimer cela ? Tristesse... Regrets... Le temps qui passe... " Comme son ami Modiano, il laisse ses phrases en suspens. " On n'a pas forcément des pensées très... "

 

 



Une enfance bourgeoise et artistique 

Comme Modiano aussi, Le-Tan scrute avec sa plume ou son stylo l'époque de la jeunesse de ses parents. À la recherche peut-être de secrets enfouis ou du paradis perdu. Son père, Le-Pho, peintre vietnamien, fils d'un vice-roi du Tonkin, vient en Europe en 1931 pour terminer ses études aux Beaux-Arts et visiter les musées. Il s'y installe définitivement en 1937 et épouse après la guerre la fille d'un officier français. Nés dans les années qui suivent, Pierre Le-Tan et son frère vivent une enfance bourgeoise et artistique rue de Vaugirard, à Paris. " J'étais un garçon un peu bizarre, qui préférait les musées et les antiquaires au foot, se souvient-il. Je regardais mon père peindre. En guise de jouets, il me donnait des cartes postales de tableaux ou d'estampes japonaises, ainsi que de vieux livres chinois ou japonais. C'est en regardant tout cela que j'ai appris à dessiner. J'ai été imbibé. Très tôt, j'ai su que, pour moi, c'était cela et pas autre chose : le dessin, et les objets d'arts. " 

 

 

valerie-solvit-par-pierre-le-tan.jpgValérie Solvit

 


Le dessin, avant tout. À 17 ans, sur les conseils d'un ami de sa mère, américain, il envoie ses premières vignettes au New Yorker. Le prestigieux magazine de l'intelligentsia américaine en retient quelques-unes avant de publier deux couvertures de Le-Tan. " J'avais dix-neuf ans, j'habitais encore chez mes parents et je n'ai même pas pensé à toucher les chèques... " C'est le démarrage en fanfare d'une jolie carrière américaine. Tout en habitant Paris, il collabore régulièrement au New Yorker et prend pour agent Ted Riley, qui représente également Sempé et Steinberg. Il alimente ainsi en dessins les éditeurs, journaux et magazines d'outre-Atlantique, du New York Times à Vogue en passant par Fortune. Il publie aussi sur place plusieurs albums pour enfants et commence à créer des couvertures de livres pour les recueils d'anecdotes de son ami John Train, auteur notamment de Famous Financial Fiascos. De nombreuses suivront, pour Marcel Aymé, Mario Soldati, Harry Mathews, Peter Carey, Raymond Carver... et, bien sûr,Patrick Modiano

 
 
Pierre Le Tan vu par Denis Cosnard (réédition complétée)
Pierre Le Tan vu par Denis Cosnard (réédition complétée)
Pierre Le Tan vu par Denis Cosnard (réédition complétée)

Leur rencontre date de 1978. Une histoire étonnante. " J'ai découvert ses livres, il y avait des ambiances qui me touchaient ", raconte Le-Tan. Et pour cause... Car quand il en parle à son père, celui-ci lui répond : " Modiano ? Mais oui, j'ai très bien connuses parents à Paris, pendant la guerre... Nous nous fréquentions. " Les familles s'étaient ensuite perdues de vue. Autant dire que lorsque Pierre Le-Tan prend contact avec le jeune écrivain, ils sont en terrain de connaissance. Dans Memory Lane, le premier livre qu'ils concoctent ensemble, ils mettent en scène une galerie de personnages mais aussi de lieux qui ont hanté leurs enfances. Le Corner Bar, boulevard Malesherbes. Une villa au cap d'Antibes. La façade lézardée d'un bottier de luxe... " Je sentais que tout cela allait disparaître et qu'il fallait le fixer ", explique Le-Tan. Un bon résumé de son travail, qui rappelle souvent celui de Sempé. Nostalgique, il sait aussi se montrer féroce. Un exemple ? Les Lettres de Marik Loisy (Aubier). Un pastiche qui réunit les écrits " les plus émouvants " d'un hypothétique grand homme " qui marqua profondément tant d'éminents esprits de sa génération ". C'est du moins ce qu'affirme la préface. Car les neuf courtes missives qui suivent se révèlent plus banales les unes que les autres. Comme celle-ci, adressée" à Monsieur et madame Congre " : " Nous passons d'excellentes vacances à Bonneville. Le temps est malheureusement maussade. Le casino est fermé. Tant pis. Bien à vous, Marik. " En regard de la lettre, une assez sinistre vue de la promenade du bord de mer à Bonneville. 

 

Pierre Le-Tan, Intérieur au canapé

 

Mélange de tendresse et de cruauté 

Tout Le-Tan est là, qui se penche sur ses personnages "comme un entomologiste qui examine les insectes, avec un mélange de tendresse et de cruauté ", confie-t-il. L'insignifiant Marik Loisy se retrouve ainsi épinglé comme un papillon pâlot. Plusieurs ouvrages de la même veine paraîtront. Paris de ma jeunesseÉpaves et débris sur la plage... Son chef-d'oeuvre : Album, un magnifique scrapbook très coloré dans lequel Le-Tan réunit souvenirs de voyages, photos d'amis disparus, très jolis textes écrits à la main et, bien sûr, des centaines de dessins, le tout dans un savant désordre. On y croise Greta Garbo et Christian Lacroix, Marie-Laure de Noailles et Mick Jagger. On passe de Menton à Macao, avec un crochet par l'Angleterre, pour visiter l'ancienne maison du photographe Cecil Beaton, avec ses extravagants meubles "néo-rococo". Au détour d'une page, on tombe sur une " boîte à mégots " créée par Picasso, de surprenantes chaussures en forme de pieds signées Cardin ou encore une chaise percée trouvée à Versailles. 

 


Page consacrée à Chrsitian Dior.


Les objets, c'est l'autre passion de Pierre Le-Tan. Il a commencé à les collectionner à 7 ou 8 ans, sous les encouragements de son père. Le feu n'est toujours pas éteint. " Il est capable de disparaître plusieurs jours à la recherche d'un buste antique dont on lui a parlé ", témoigne Patrick Modiano dans un texte qu'il a consacré à son ami. Il y a dix ans, après avoir amassé plusieurs centaines d'oeuvres de Bérard, Le-Tan a cédé l'essentiel de sa collection néo-romantique et surréaliste chez Sotheby's, à Londres. " Les gens se remettaient à parler de cet artiste très oublié, et cela m'intéressait moins. Tout à coup, les choses deviennent vulgaires... Aujourd'hui, j'ai le catalogue de la vente, avec des notes très bien faites, cela me suffit. " Depuis, il s'est lancé dans d'autres quêtes, écumant les magasins d'antiquités et les enchères à la recherche de tableaux, statues et autres vestiges de l'art religieux du xvie siècle. Mais où caser ses nouvelles acquisitions, alors que l'appartement déborde déjà de beaux livres, de gravures, de terres cuites, de bustes en marbre ?

 





«Je n'ai pas de livre de chevet car mon chevet est une pile de livres. Ces livres d'ailleurs peuvent même servir à poser quelque chose dessus. Il y a des livres partout chez moi. J'achète, j'oublie, je redécouvre. Je relis un peu par hasard quand un ouvrage me tombe sous la main. Relire, c'est comme retourner dans un restaurant ou un hôtel qu'on a aimé. J'aime beaucoup, par exemple, les biographies anglo-saxonnes, j'en relis une, je picore un moment qui m'intéresse, mais mes choix sont très éclectiques. Cela peut aller de la biographie d'un coiffeur à celle d'Hannah Arendt. Je n'aime pas trop cette idée du livre unique et préféré. J'aime parler de livres au pluriel.» 

 

pierre-le-tan

 

L'entretien est fini, le carnet de notes rangé. Une dernière question, tout de même, sur le Vietnam, et voilà Le-Tan qui devient soudain volubile. " Non, je ne suis jamais allé dans ce pays. Je préfère rester sur un Vietnam un peu mythique. En revanche, je me sens très asiatique. J'habite à Paris, j'ai trois grands enfants juifs de nationalité britannique, un petit dernier à moitié africain ; mais être asiatique, pour moi, c'est un fait. J'ai un physique d'Asiatique. Je me comporte comme un Asiatique, avec cette façon d'être, cette réserve propre aux Asiatiques. Je suis aussi asiatique dans ma façon de dessiner des choses plutôt simples, avec des traits précis, minutieux, même quand il s'agit de représenter le flou. " Et derrière ses lunettes d'écaille rondes, comme dans l'Indochine des années trente, il plisse les yeux en souriant... 

 

 
commentaire : on est au milieu des années 90, dans un numéro de Madame Figaro, et Pierre Le-Tan et Jean-Marie Périer collaborent pour ces quelques pages de mode, un rien datées (et peu froissées par le temps), dont on retient évidemment surtout les décors de PLT.
 
 


Pierre Le-Tan, dessinateur asiatique ? Pourquoi pas. Il esquisse souvent des paysages très occidentaux, des avenues haussmaniennes désertes, les quais du port de Dublin, l'enseigne d'un bar de nuit qui brille au fond d'une rue sans nom, une cour d'immeuble, un garage en banlieue. Mais à chaque fois figure un petit personnage solitaire et fragile, comme un voyageur sous une ombrelle trouée. Ce promeneur mélancolique, c'est lui.

Denis Cosnard

 

l'interieur de Pierre Le Tan photographié par Ivan Teretschenko)

 

 

 

Le nouvel occupant de l'appartement de Jean Cocteau rue Monpensier, a demandé à Pierre Le Tan , des fresques murales!

 

COCTEAU-LE-TAN.jpg 
letaan.jpg 
le-tan.jpg 

 

Cocteau_pierre-le-tan.jpg

 

Pour retrouver Pierre Le Tan sur le blog:  Pierre Le Tan vu par Denis Cosnardune année de Pierre Le Tan , Quand Pierre Le Tan illustre l'art du jardinage en Italie,  Pierre Le Tan illustre Modiano  

Pierre Le Tan vu par Denis Cosnard (réédition complétée)
Pierre Le Tan vu par Denis Cosnard (réédition complétée)
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Michel Gourlier, dessins pour Le trésor de Montségur

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une plongée dans les archives d'Egermeier

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street art triste

Fred Einaudi

Bill Henson


une plongée dans les archives d'Egermeier

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Réponse de Nicolas Daguerman suite à mon billet sur son essais, L'absent

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Réponse de Nicolas Daguerman suite à mon billet sur son essais, L'absent

Nicolas Daguerman suite à mon billet critique sur son ouvrage "L'absent" ( http://www.lesdiagonalesdutemps.com/2015/01/l-absent-de-nicolas-daguerman.html ) me demande un droit de réponse ce que je lui accorde avec plaisir.

Vous pouvez le lire ci-dessous:

Réponse de Nicolas Daguerman suite à mon billet sur son essais, L'absent

 

La critique est toujours riche d'enseignements pour un auteur, en ce qu'elle lui apporte a posteriori le regard qu'il aurait aimé trouver a priori. On pourra voir une boutade dans cette assertion. Il y traîne tout de même un fond de vérité.

Certaines remarques de votre billet ont ainsi enrichi ma réflexion sur un sujet dont il semble décidemment impossible de faire le tour. En particulier, si j'avais vu et traité la sacralisation de l'enfant, je n'avais pas mesuré la force et les conséquences de l'association sexe-mort (lié à l'apparition du sida) en tant que mot d'ordre caché.

De même n'avais-je pas vu que l'attardement des générations modernes sous le toit parental n'était pas imputable à la seule crise mais qu'il résultait également, pour partie, d'une passivité propre à ces nouvelles générations pour lesquelles le virtuel est parfois préférable au réel. Idem sur ce motif, de la valorisation de l'abstinence, ou du moins de l'asexualité.

 

Je vous suis également lorsque vous notez que la crise mondiale, la prolifération et la diminution de l'espace vital de chacun, sont plus évidemment le résultat de la vieille injonction chrétienne à se reproduire que l'iconoclastie ne peut en être la victime (cela ne l'exclue pas du rang des victimes mais la fait s'asseoir derrière).

Quant à votre point de vue sur l'élévation du QI par la sodomie, j'en pense à peu près la même chose. J'ai dit assez dans mon livre combien les utopies d'une époque ne pouvaient se lire qu'à travers la dynamique des controverses (elles naissent et meurent) et combien aussi elles pouvaient causer de dommages collatéraux, dont l'un d'eux est l'objet de notre essai.

 

Quelques points en revanche méritent réponse.

À aucun moment il n'est écrit dans mon essai que l'image du garçon avait disparu du Japon depuis le début de l'ère Meiji. Votre remarque ici me surprend. Il est écrit que la prohibition de la pédérastie au Japon datait de cette époque, ce qui est différent. Il est ensuite expliqué que le destin de l'homosexualité (sa répression) et celui de la révolution industriel étaient liés (exemple de l'Iran et du Japon à l'appui, donc).

Et bien évidemment, l'existence du selfie, du manga, m'est non seulement parfaitement connue mais de surcroît est venue d'emblée se poser à l'origine même de ma réflexion : cette existence constituait-elle un puissant contre-exemple vidant de pertinence mon propos entier ?

Ma réponse fut non. Pour un oui j'aurais renoncé à écrire cet essai, tout simplement. Par contre, je vous rassure, j'ai voyagé en Corée du Sud, feuilleté des mangas et admiré des selfies à l'occasion. Mon choix de ne pas l'évoquer est donc délibéré (ainsi que mentionné en 4ème de couverture, votre essayiste est né en 1971, ce qui n'en fait pas encore ce vieillard ignorant les réseaux sociaux).

Votre critique m'apprend cependant que j'ai eu tort et qu'il fallait devancer ce qui ne s'avérait pas à mes yeux être une objection. J'aurais ainsi dû mieux cadrer mon sujet : par "représentation de l'adolescence", j'entendais "art, publicité, média"; et par média, non pas "tout moyen à la porté du premier inculte disposant d'une connexion Internet" mais "tout moyen institutionnel et/ou nanti d'un minimum de notoriété". C'est-à-dire encore que votre blog, par exemple, est un média, notoire, et qu'à ce titre il fait figure d'exception puisqu'il s'autorise et se voit autorisé à produire un adolescent dont mon essai déplorait la disparition par ailleurs. Mais votre blog, quelques autres encore, plus deux ou trois artistes, suffisent-ils à faire mentir une généralité constatée ailleurs ? Je ne le crois pas.

 

Revenons aux selfie et manga, et la raison pour laquelle je ne les ai pas mentionnés. Les selfie offrent une représentation de l'adolescence sans l'offrir, puisqu'anarchique, aussi incontrôlable que les dessins sur les murs des latrines. Impossible dans son flot gigantesque et ininterrompu d'identifier un artiste, une œuvre, une facture. Impossible également de le hisser à la postérité, par sa monotonie terrible, sa prévisibilité, et le vide total que ce genre cache à peine. Un selfie restera ce qu'il est : un avatar qu'on oublie, et non une œuvre (grande ou petite) qui laisse sa trace. Enfin, imaginez que l'un d'eux sorte du lot, gagne en célébrité : il devra alors se conformer aux exigences de la censure. Je doute qu'un nu y survive, s'il n'est majeur précisément : nous sommes donc bien au cœur de notre sujet.

Oui, il y a présence massive, mais sans objet, sans direction, sans intention et sans publicité : un long borborygme anonyme… Cela mérite-il l'intérêt ? Du sociologue, certainement. Du psychologue peut-être. Mais de l'artiste ou de l'esthète ? Enfin, ce borborygme et la passivité de la censure à son égard signent-ils une remarquable licence, un salvateur sursaut du droit à l'image, ou seulement une inoffensive marée sans enjeu d'un côté, une indifférence de l'autre ?

 

Quant aux mangas, dont certains (rares) confinent à l'œuvre d'art, c'est ici que j'ai le plus de remord. La discussion était possible. Mais le manga, à lui seul, est-il de nature à faire mentir l'ensemble de l'étude, la force de la régression et la puissance de la censure à l'œuvre partout ailleurs ? Ne constitue-t-il pas plutôt un genre très particulier, limité géographiquement, culturellement, techniquement enfin (au seul dessin). La censure eut-elle autorisé l'équivalent photographique du manga ? Est-il un objet fréquent dans notre univers visuel, au même titre que l'image de la femme dans la publicité ? Est-il admis par tous ? Je n'ai pas pu répondre oui à ces questions.

 

Enfin, si les modèles de Klein ont rajeuni un temps, hélas nous ne les verrons sans doute jamais dans l'état des mannequins d'Aubade, ainsi que je l'ai écrit . Simple remarque. Mais la timidité leur va si bien…

 

S'agissant à présent des trois artistes que j'ai retenu, ils devaient (et je m'en explique dans le chapitre qui leur est consacré) répondre à plusieurs critères, dont une certaine notoriété et une certaine publicité. Il s'agissait de montrer qu'en réalité, sous réserve de ne pas être en Occident et d'être déjà connu, l'on pouvait tenter de s'accorder une maigre licence. Je ne crois pas que Sacrevoir ou Paul P. jouissent de cette publicité, ni qu'ils aient la notoriété internationale d'un Mokhorev ou d'un Wenling. Quant à Bisky ou Hernan Bas (et d'autres, car vous avez raison, il en est) l'âge apparent des sujets qu'ils représentent les tient sans risque à l'écart de la polémique, là où Mokhorev, Wenling et AES ont pour leur part pris plus de risques.

 

Une question à présent, très mineure : je ne comprends votre remarque sur le hors-sujet des images par rapport au texte, puisque chacune est au contraire très exactement l'illustration d'une référence du texte.

Concernant la pauvreté de la bibliographie enfin, il y a une erreur d'interprétation sur la définition du mot. Il s'agit ici de la liste des ouvrages cités, et non celle des ouvrages à lire sur le sujet, d'où sa pauvreté "affligeante" qui cesse de l'être lorsqu'on comprend le mot bibliographie dans son premier sens. Vous constaterez alors que la dite bibliographie s'y limite : elle les cite tous (dont Gide) et aucun autre. Il est juste que le mot "bibliographie" renvoie également au sens dans lequel vous l'avez pris.

Pour lever cette ambigüité, je procèderai donc à une mise à jour, remplaçant "Bibliographie" par "Ouvrages cités". Ici aussi, votre critique aura été bénéfique.

 

Je dois enfin répondre aux dernières lignes de votre billet. Tout sujet (le nôtre ici), ne signale pas automatiquement un problème majeur pour son auteur du simple fait qu'il s'en empare. Lorsqu'on élit un sujet, on s'y limite nécessairement, ou bien l'ouvrage devient un fourre-tout sans direction. Il se peut donc (et je vous rejoins en l'occurrence : voir la partie "Préjudice") qu'il y ait ici un signal de fin du monde, plus qu'un fait majeur de société. Mais le choix du sujet limite à l'étude de ce signal.

En d'autres termes, mon essai n'étant pas une dystopie globale sur le devenir de l'univers, il était prévisible que je m'attarde à mon sujet, dans un périmètre que je crois avoir pourtant su élargir, le tout au risque de paraître le traiter sérieusement, sans préjudice de ce qui ensuite pose ou non problème pour moi.

 

Nicolas Daguerman.

Les oeuvres illustrant ce droit de réponse sont de Chen Wenling, artiste cité dans L'absent"

Les oeuvres illustrant ce droit de réponse sont de Chen Wenling, artiste cité dans L'absent"

Être gay, Michel Foucault

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Être gay, Michel Foucault

Être gay, dit-il, « c’est se placer dans une dimension où les choix sexuels que l’on fait sont présents et ont leurs effets sur l’ensemble de notre vie. [...] Ces choix sexuels doivent être en même temps créateurs de modes de vie. Être gay signifie que ces choix se diffusent à travers toute la vie, c’est aussi une certaine manière de refuser les modes de vie proposés, c’est faire du choix sexuel l’opérateur d’un changement d’existence

Michel Foucault

Conrad Felixmüller

Tomoji de Jiro Taniguchi

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Tomoji de Jiro Taniguchi

Cette exellente critique vient du remarquable site d'argoul que je vous encourage à visiter

 

Un jeune homme de Tokyo vient photographier une grand-mère à la campagne ; il est le petit-fils de sa sœur. Une jeune fille vit avec la grand-mère dans cette campagne. Lui, Fumiaki, à 19 ans ; elle, Tomoji, 13. Nous sommes en 1925, dans cette période d’entre-deux qui sépare l’ère Meiji qui a ouvert le Japon sur le monde et l’ère militariste qui va le renfermer. Un moment de grâce où le Japon rural subsiste tandis que le Japon industriel prend son essor.

Avec minutie, le dessinateur recrée le bucolique, ces champs tracés au cordeau sous la protection paisible des monts Yatsugatake et Fuji, tels des grands frères qui veillent. Maisons de bois surélevées, pièces à tout faire garnies de nattes en paille de riz (les tatamis), boutique où s’entassent les marchandises. Dans un dessin sensible mais assez corseté, Taniguchi décrit la paisible vie de famille. Jusqu’aux drames : le père meurt d’appendicite aiguë et la mère doit partir travailler à l’usine, laissant ses deux petites filles et son beau-fils à la charge de la grand-mère.

Tomoji grandit dans la nature, entourée de ce reste de famille qui l’encourage. Elle va à l’école, aide à la boutique, aux champs ; est travailleuse, serviable, contemplative. Fumiaki, de son côté, devient ingénieur en aéronautique ; lors du grand tremblement de terre de Tokyo en 1923, il prend conscience de la précarité de l’existence et du terrible de la nature. Cette convergence des vues va rapprocher la fille et le garçon, par l’entremise des marieuses de la famille.

Fumiaki et Tomoji vont s’épouser et, à leur tour, reproduire une famille pour perpétuer le Japon de tradition. Le scénario est tiré d’une histoire vraie, celle de la fondatrice d’un temple bouddhiste qui s’appelait Tomoji.

Mais l’auteur s’attache à montrer comment une enfant de la campagne devient une adulte équilibrée, de l’ère rurale à l’ère industrielle, sans déroger. Une vie archétypale, dessinée et racontée avec le réalisme doux-amer propre aux littérateurs japonais. Peu de sensualité, un brin de nostalgie mais surtout le goût d’être précis et d’accepter ce qui vient – toujours.

Cette attitude devant la vie est proprement religieuse ; elle est la marque du bouddhisme japonais, à la fois ascétique et bienveillant, sensible à tous les êtres et aux grandeurs de la nature.

Tomoji de Jiro Taniguchi

Sur le site argoul Sur lequel la critique est initialement parue, j'ai fait cette remarque.

 

Je ferais tout de même deux rectificatifs. C’est en 1923 que c’est fait le tournant du Japon vers un régime militariste et cela à l’occasion du grand tremblement de terre qui a dévasté Tokyo et toute la région du Kanto. Plus que le tremblement de terre c’est un gigantesque incendie qui a détruit Tokyo. Les militaristes en ont profité pour faire courir la rumeur que les responsables de ce gigantesque brasier étaient les coréens mais aussi les "rouges". Ce subterfuge a permis de décapiter la gauche nippone, nombreux sont ses activistes qui ont été tués par la police ou lynchés par la foule. Cet affaiblissement important de leurs ennemi a permis aux militaristes de prendre progressivement les rênes du pouvoir.
Autre point de désaccord avec votre texte, cette progressive militarisation du pouvoir n’a été en rien une fermeture du pays, tout du moins pour l’industrie et l’économie. Bien au contraire c’est au milieu des années 20 qu’a augmenté « la curiosité » des japonais pour les techniques de l’occident et même sa culture. Ce que montre bien par exemple deux films, le début de Lettre d’Iwo Jima de Clint Eastwood et Le vent se lève de Miyasaki. Il faut se souvenir qu’entre les deux guerres, le made in Japan était symbole de pacotille. Cette réputation a perduré bien après que ce soit devenu obsolète d’où la relative absence de méfiance des américains d’alors envers le Japon qui au début de la guerre du Pacifique possédait des bateaux et des avions plus élaborés techniquement que les américains (le chasseur zéro, le Yamato…).

 

Argoul y a répondu

 

argoul

Merci d’apporter ces précisions. La note n’avait pas pour objectif l’histoire du Japon, d’où les raccourcis inévitables. Quant à la « fermeture » nationaliste, elle n’exclut en rien d’apprendre des autres pour assurer le progrès technique ni la puissance industrielle ! Le cas de la Chine contemporaine (qui accepte les joint-venture (…à condition que les Chinois gardent 51%) et pillent les technologies avancées (au mépris du « droit » d’auteur et des brevets) en est un exemple. Elle applique la maxime de Staline : « ce qui est à moi est à moi, ce qui est à vous est négociable ». Le Japon comme l’Allemagne dans les années 30 ont durement ressenti la crise mondiale de 29 mais, ayant peu de traditions libérales et démocratiques d’ouverture à l’autre et au libre commerce, ont eu une « réaction » identique : user de leur puissance militaire pour assurer leur « territoire » vital en matières premières et pour les voies de communication maritimes. Ce n’est pas vraiment ce que j’appelle une attitude ouverte, mais bien plutôt un égoïsme de prédation. Tomoji – fondatrice d’un monastère bouddhiste – échappe à ce tropisme social et politique. Elle incarne ce Japon traditionnel qui évolue avec l’histoire mais sans peser, tout de force intérieure.

 

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